Chapitre 42 - 4

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- C'est là ? Demande Akibi.

- Non. Ce n'est pas un de nos temples, répondit Iyuh.

- Ce sont les mages qui l'ont construit ? voulut savoir Ève.

- Non. Il date d'avant. Avant nous, même. Notre peuple l'évite, depuis toujours. Personne n'est parvenu à passer son gardien. Des Hauts-mages se sont vantés de l'avoir fait. La seule chose qui est sûre, c'est que parmi tout ceux qui ont dit l'avoir fait, personne n'était d'accord sur ce qu'il y avait à l'intérieur.

- Bon, vaut mieux qu'on passe au large alors ? Proposa Christophe.

- On peut couper en passant près, déclara Iyuh. Il n'attaque pas si on ne s'approche pas trop près.

- A savoir ?

- Il faut toujours rester à plus de vingt mètres de l'entrée.

- On peut s'approcher des petites pyramides

- Il paraît, confirma Iyuh.

- Mais il vaut peut-être mieux éviter, suggéra Ève. Juste par précaution. »

Isk-hi regarda longuement en arrière.

« Je crois que les lianes sont restées au loin. Elles ne doivent pas aimer cet endroit.

Et si on se reposait là, proposa Christophe. La nuit va bientôt tomber. Si les créatures du coin ont peur du temple, elles nous laisseront tranquilles.

- Bah le temple de la Vie et de la Mort... remarqua Samya, ça le fait que moyen quand même. Y'a quand même " de la Mort " dans son nom... »

Christophe interrogea Iyuh du regard.

« Je ne sais pas, répondit celui-ci. Ce n'est pas un temple maudit, de ce que j'en sais. C'est juste un endroit où on ne va pas. Si on reste à proximité...

- C'est pas très sage, intervint à son tour Ève.

- Ce ne sera pas plus sage de se retrouver dans la jungle, en pleine nuit, avec des lianes vivantes à proximité, répliqua doucement Iyuh.

- Je vais essayer de sonder le lieu, déclara Christophe. On verra bien s'il est maléfique.

- C'est une bonne proposition, admit le kiyé. Mais fais attention, le marais est proche. N'y dirige pas ton esprit »

Christophe s'assit sur le sol, en tailleur, et ouvrit son esprit, comme il avait appris à le faire. Isk-hi, Samya, Ève et Bagheera se répartirent autour de lui, sans même s'être consultés, guettant les dangers qui pourraient surgir autour d'eux. Mais tout semblait calme, en étrange opposition avec les impressions d'urgences et de frénésies qu'ils avaient tous ressentis durant leur fuite.

Christophe respirait calmement. Pour le guider vers la méditation, il choisit le rythme de son cœur. Revenu à la normale, il battait lentement, comme un tambour assourdi, rayonnant de sa pulsation vitale dans son corps au repos. Ainsi concentré sur son être, il put décider de ne pas ouvrir ses perceptions dans toutes les directions, les ouvrant d'abord sur lui-même, pour ne pas prendre le risque d'entrer en contact avec les morts du marais. Il les sentait pourtant terriblement proches, ces créatures sans repos, qui l'appelaient, comme le murmure lointain de sirènes mortelles.

Mais il se concentra et dirigea son esprit vers la statue du gardien du temple, tel que l'avait qualifié Iyuh. Christophe ne sentit aucun mal en elle, il ne sentait même rien, elle semblait inerte. Il ne percevait même pas l'infime essence de gosheruhn que possédait une simple pierre. Pourtant, un jour, Aëlep lui avait dit que les objets créés par l'art, contrairement aux objets usuels, avaient un gosheruhn, qui était une empreinte des impressions que l'artiste ressentait lorsqu'il créait. Mais là, rien. C'était comme si la statue n'était pas là, comme s'il ne s'agissait que d'une image.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant