Chapitre 47 - 2

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La troupe se dirigeait sur les fréquents cris de chasse que lançaient la dizaine de leurs frères partis devant grâce aux ailes magiques. Ils ne pouvaient pas courir, à cause du manque de visibilité, mais ils avançaient rapidement, priant pour que les Chasseurs Nocturnes soient aussi handicapés qu'eux.

Soudain, des bruits de combats se répercutèrent dans le Dédale, des cris de guerre, l'impact d'armes qui s'entrechoquaient : leurs frères se battaient contre les Nocturnes. S'agissait-il de ceux qu'ils poursuivaient ou d'un autre groupe ? Les guerriers qui entouraient Christophe se figèrent, pour s'assurer de la direction à prendre. Un long hululement parvint jusqu'à eux. Il semblait partir et revenir, toujours dans la même direction. C'était un son magique, comprit immédiatement Christophe, un son projeté pour eux par un des khokuhns qui menaient la chasse. Comme un seul homme, la troupe se mit en branle, courant malgré le danger du terrain, parce que leurs frères avaient besoin d'eux, au plus vite.

Le bruit des combats cessa quelques instants plus tard, alors qu'ils n'étaient plus qu'à quelques dizaines de mètres de leur origine, remplacé par des bruits de course précipitée.

« Ce sont nos proies » confirma un vieux guerrier encore alerte, au côté de Christophe. « Ils nous ont entendu arriver et se sont enfuis ! ».

Sur ces mots, ils arrivèrent en un lieu parcouru par des vents erratiques beaucoup plus violents que ceux dont ils avaient eu l'habitude, jusqu'ici. Ils malmenaient la brume dans tous les sens, la soulevant, l'aplatissant, la transformant en tourbillon éphémère, ou la déchirant, laissant de fugitifs espaces dégagés, dans lesquels il était possible de voir clairement, grâce à la luminescence de la substance vaporeuse qui constituait la brume.

Deux guerriers kyohnis étaient blessés, au sol, un troisième veillait sur eux. L'arme d'un des blessés était teintée d'une substance d'un bleu opalescent.

« Ils se sont séparés ! Les khokuhns sont partis après les deux valides. Les trois autres sont blessés, ils sont partis vers vous !

- Nous n'avons croisé personne ! » Intervint un guerrier nommé Kaïyu. Plus grand que la moyenne, à la musculature impressionnante, il avait naturellement pris le leadership du groupe en l'absence d'Aïkehu, et ce, malgré la présence des deux kiyés. Christophe avait cru comprendre que c'était un ancien khokuhn, mais n'avait pas eu le temps d'approfondir le sujet.

« La roche... souffla difficilement un des blessés. Ils sont sortis de la roche noire. » Il montrait un pan de paroi à quelques mètres derrière Christophe, qui apparaissait et disparaissait au gré des mouvements de la brume.

Tandis que le mage et plusieurs autres Kyohnis s'approchaient de la paroi en question, Kaïyu interrogea le Kyohnis indemne « Je croyais qu'il n'en restait que quatre ?

Non, le détrompa son interlocuteur. La flèche de la Samya n'a pas tué le Nocturne. Il est très blessé, mais il se bat encore. »

Arrivé à deux mètres de la paroi, Christophe fit signe de s'arrêter. Il était perturbé, il avait senti quelque chose d'étrange comme une subite pulsation, une sorte de choc sourd... Une palpitation ?

« La magie du Dédale est plus puissante ici, déclara Iyuh. Il faut remettre de la potion des khaadas sur nos tissus, sinon, nous allons succomber à la folie du lieu ».

Pendant que chacun s'exécutait, Christophe restait concentré sur cette étrange impression qui l'avait traversé. Et de nouveau, elle le percuta, en même temps qu'un torrent de brume dévalait la roche en une cataracte silencieuse, pour venir s'écraser au sol et les submerger.

A force d'utiliser sa gemme, Christophe avait acquis une sorte d'affinité avec la magie, et ce qu'il percevait là était magique... La brume était magique. Pris d'une subite intuition, il se dit que la brume n'était pas un poison que le masque de tissu filtrait grâce à la décoction que les khaadas avaient préparée. La brume avait un effet magique sur les sens de ceux qui y pénétraient, et la potion des khaadas avait également un effet magique, un effet protecteur dont on bénéficiait en l'inspirant. Mais c'était une lutte entre deux magies. Peut-être était-ce pour cela que les Nocturnes n'avaient pas besoin de masque, leur esprit, simplement, pouvait résister à l'effet de la brume, grâce à un sortilège d'une autre nature, ou simplement parce qu'ils étaient différents, ou plus résistants.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant