Chapitre 34 - 2

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Il sortit de la jungle ainsi et pénétra dans le village, le corps nu, le sexe en étendard. Les vieilles riaient en caquetant à son passage. Certaines femmes, plus jeunes ne faisaient pas que sourire, le regardant avec admiration et, parfois, désir. Il avait la taille d'un colosse parmi les gens d'ici, mais ce n'était pas ça qui était le plus impressionnant en ces instants. Un feu intérieur habitait ses yeux, une majesté étrange, qu'il ne possédait pas avant, une assurance, une sérénité. Peu lui importait le regard des autres, il connaissait sa place dans l'univers, il suivait l'ordre des choses.

Sur le chemin qui menait à la case qu'on leur avait prêtée, une femme lui lança une fleur. Elle était l'une de celle que le chef du village lui avait proposé pour l'échange de sang. Il n'avait pas accepté, par peur des conséquences avec les filles de sa propre tribu. Il s'arrêta pour l'examiner. Elle était jeune, le visage engageant, pas parce qu'elle était belle, elle aurait été plutôt commune, si elle n'avait eu cette sorte de joie qui illuminait ses traits et la rendait attirante.

Il s'approcha d'elle et, pris d'un doute, posa la main sur son ventre. Il étendit sa perception par ce biais et, après une courte seconde, hocha la tête de côté, pour signifier quelque chose comme " dommage " .

« Vie déjà là » dit-il dans son kyohnis approximatif, avant de reprendre le chemin qui le menait vers ses femmes.

La jeune indigène écarquilla les yeux à cette nouvelle et porta elle-même la main vers son ventre. Elle avait un doute sur le sujet depuis quelques jours, mais elle ne pouvait que croire ce qu'il venait de lui dire. Étrangement, elle l'avait sentie, au moment où il l'avait touchée. Elle éclata de joie et se tourna vers ses amies proches.

Christophe aperçut Kim à quelques mètres de la hutte qu'ils habitaient. Elle discutait avec Jaïba, l'épouse du kiyë, une femme un peu bizarre pour les critères kyohnis. Elle était la seule à porter une espèce de parure dans les cheveux, faites de plumes rouges et de babioles en os et en bois. Elle était aussi la seule à avoir les yeux surlignés de noir, et de multiples bracelets colorés, de toutes les matières possibles : métal, perles de pierre, perles de bois et même tissu. Cela faisait plusieurs jours que ces deux-là passaient beaucoup de temps ensembles. Présentement, elles étaient autour d'un creuset dans lequel Kim pilait des graines.

Toutes à leur discussion, elles ne virent Christophe que lorsqu'il se planta devant elles.

Jaïba eut d'abord un mouvement de recul en le voyant dans cet état, si près d'elle, puis partit d'un grand éclat de rire. Kim, elle, écarquillait les yeux en souriant, incrédule.

« Hébé Chris ? Il te manque pas quelque chose là ?

- Il me manque toi. Je te veux.

- Je vois ça, » convint-elle d'un hochement de tête en direction de son aine.

Mais aussitôt, quelque chose dans le regard de son amant interrompit son sourire. Il y avait au fond de ses yeux un désir tellement brûlant qu'elle se sentit toute chose.

Elle se leva, après un geste d'excuses auprès de sa nouvelle amie, et saisit le sexe turgescent dans sa main, avant de prendre la direction de la case toute proche, comme si elle le menait par son organe.

Iiyabi, qui épluchait des tubercules à côté de la hutte, les regarda entrer bouche bée, alors qu'une petite troupe de villageois s'était amassée pour observer ce bizarre événement. Lorsqu'ils eurent disparu derrière la tenture qui masquait l'entrée, les femmes lancèrent une sorte de cri, mi-hullulement mi-piaillement, et frappèrent dans leurs mains en rythme, tandis que les hommes riaient de plus belle. Puis, elles se mirent à chanter, certaines tout en retournant à leur tâche, alors que d'autres se mettaient à danser.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant