Ils quittèrent la maison de Dado deux jours plus tard, après s'être préparé et équipé. Christophe avait même rasé la barbe qui avait peu à peu envahi son visage. Le géant avait pris le temps de lui confectionné un rasoir ainsi que quelques vêtements et sacs de voyage pour tout le monde. Il avait en effet été créé non seulement pour servir de protecteur, mais aussi d'homme à tout faire. Il connaissait le travail des peaux, comment créer des tissus à partir des matières premières que fournissait la jungle et les quelques cultures qu'il avait plantées dans son jardin, comment bâtir une maison, comment cuisiner. Il était entièrement autonome dans cette jungle, il n'avait besoin de personne, indépendant...
Pour autant, il semblait à Christophe qu'il ne désirait plus l'être, et que c'était pour cette raison qu'il leur avait proposé de les accompagner, au moins jusqu'aux limites de ce qu'il considérait comme son territoire, c'est à dire jusqu'à une dizaine de jours de marche. Ils avaient accepté avec joie.
Sa présence transformait le voyage.
Il donnait un nom aux arbres, expliquait ce qu'il connaissait des plantes, des animaux. Il portait parfois une des filles sur ses épaules, ou même deux, une sur chaque. Il parlait parfois beaucoup, parfois presque pas. Il riait à des jeux de mots qu'il était le seul à comprendre, lorsque Christophe tentait d'apprendre sa langue, toujours de bonne humeur.
Au départ, il avait eu du mal à appréhender la notion de chahutage, comme s'il n'avait jamais été confronté à des enfants ou à de jeunes adultes. Sa force ne l'aidait pas beaucoup en ce sens. Lorsqu'il était pris à partie par une Kim d'humeur joyeuse, persuadée qu'elle pourrait le faire tomber en faisant plier son genoux, il se contentait de rester sans bouger, de peur de la blesser, alors qu'elle faisait preuve d'effort surhumains sous les rires de ses amies.
Elle et Dado s'entendaient très bien, c'était avec elle le plus souvent qu'il conversait dans un français approximatif, qui s'améliorait cependant. Elle sur une de ses épaules, il cueillait une fleur ou une plante, et la lui montrait en expliquant sa nature et ses propriétés, du moins celles qu'il connaissait, ce qui se résumait le plus souvent à son odeur, si elle se mangeait, avait des propriétés digestives ou si elle était à éviter. Il dénombra cependant un certains nombres d'essences dangereuses, dont certaines étaient même utilisées pour faire des poisons par les tribus sauvages qui habitaient les montagnes.
Dado n'entretenait que très peu de relations avec ces tribus humaines qui peuplaient toute la jungle et une partie de la chaîne montagneuse. La plupart de celles-ci se montraient agressives avec lui, aussi n'empiétait-il jamais sur leurs territoires. Il n'avait réussi à dialoguer qu'avec une seule d'entre elles, après être intervenu dans une bataille qui opposait des guerriers peinturlurés à des Nocturnes. Les humains n'avait dû leur victoire qu'à sa présence.
D'après ce qu'avait appris leur grand ami, les sauvages étaient les descendants d'une grande civilisation qui avait jadis habité la région, avant que les mages arrivent et envahissent toutes ces vallées riches et fertiles. Ils vénéraient les même dieux, ils étaient d'une nature plutôt pacifique avec les autres humains. De nature nomade, ils possédaient de très grands territoires, mais n'en habitaient qu'une toute petite partie à la fois. Ce n'était pas de « mauvaises gens » comme disait le géant, ils étaient simplement peu civilisés.
Un jour, Dado pleura. C'était un soir en fait, autour du feu qu'ils avaient allumé pour leur repas. Christophe et Ève se mirent à chanter, des bribes de souvenirs d'abord, puis des couplets entier, tandis que les airs leur revenaient. Et bientôt, ils chantèrent tous les cinq, sous le regard ébahi du géant. Ils chantaient tout ce qui leur passait par la tête, ces vieux tubes qu'ils connaissaient finalement par cœur. Même s'ils avaient des répertoires de prédilection plutôt différents, ils se rejoignaient sur certains points, ces chansons populaires un peu faciles mais sincères dans leurs bouches. Des classiques qui n'étaient même pas de leur génération pour certains...

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Vierge de sang
FantasyÈve courait, comme jamais elle n'avait couru. Elle sentait le terrain sous ses foulées, savait instinctivement où poser les pieds, elle était comme le vent qui file entre les arbres. Elle percevait avec une précision incroyable toutes les odeurs qui...