Lorsque Christophe ouvrit les yeux le lendemain matin, Samya avait toujours la tête sur son épaule, et son autre bras était occupé par celle de Julie, dos contre lui. Olivier dormait à quelques centimètres d'elle. Ève et Kim, étaient pelotonnées l'une contre l'autre, juste à côté de Samya, tandis qu'Omar, un peu plus loin, était emmitouflé sous plusieurs blousons.
Christophe releva la tête brusquement, réalisant que personne d'entre eux ne montait la garde.
De nombreux adultes vaquaient dans le camp.
Le soleil bas dardait des rayons obliques au travers de la canopée, quelques insectes bourdonnaient, Christophe avait chaud et soif.
Il bougea le plus doucement possible, ne réalisant combien ses bras étaient endoloris que lorsqu'il les dégagea.
Des femmes préparaient à manger, faisant sentir au jeune homme combien il avait faim.
Il se leva, se rendit auprès d'elles pour prendre quelques fruits et remarqua de la viande sur une rôtisserie improvisée. Il ne tarda pas à comprendre qu'il s'agissait des fauves qu'ils avaient tués le soir précédent, ce qui fit naître un bref sourire sur son visage.
Un peu plus loin, il vit deux femmes africaines qui travaillaient les fourrures noires soyeuses, et il se dit que c'était sans doute ces personnes, mises à l'écart dans la société d'où il provenait, qui avaient conservé une partie du savoir nécessaire à leur survie, et qui donc leurs étaient ici les plus précieuses. A croire que l'ironie faisait partie des lois naturelles.
En revenant vers ses nouveaux amis, il aperçut Kelthoum de dos, assise sur un tronc renversé, en bordure de campement. A ses mouvements retenus, il comprit qu'elle cherchait à dissimuler ses pleurs.
Il s'arrêta, hésitant. Puis finalement, se dirigea dans sa direction.
« C'est un passage difficile, lui dit-il en s'asseyant à côté d'elle. Moi-même j'ai lâché quelques larmes hier soir ».
Elle hoqueta une sorte de rire, essuyant du mieux qu'elle pouvait les larmes qui coulaient.
« Ils me manquent, lui répondit-elle.
- Tes parents ?
- Non, enfin si... Mais je parlais de mes enfants.
- T'as des enfants ? » s'étonna Christophe, les yeux écarquillés. Elle hocha la tête : « Deux, un garçon et une fille ».
Il en resta ébahi quelques secondes.
« Bein quoi ? lui demanda-t-elle
- Rien. Enfin, je suis étonné quoi. T'as quel âge ?
- Vingt quatre ans. Pourquoi ? Je les fais pas ? »
D'un revers de manche, elle chassa ses dernières larmes, et le regarda curieuse.
« Bein si, lui répondit-il, enfin non... enfin, à peu près quoi. Mais c'est juste que je t'imaginais pas maman. Tu m'avais l'air...
- Quoi ? Célibataire ? »
Christophe pencha la tête de côté, avec un haussement de sourcil, puis il prit une grande inspiration, se traitant intérieurement d'imbécile.
« Oui... je crois bien oui.
- Non, je suis mariée... et j'ai deux enfants... » Et les larmes affluèrent de nouveau, malgré les efforts qu'elle faisait pour les contenir. Christophe voulut poser sa main sur son épaule pour la réconforter, mais il retint son geste à mi-chemin, incapable de poursuivre. Finalement, il reposa sa main sur le tronc rugueux, et soupira.
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Vierge de sang
FantasyÈve courait, comme jamais elle n'avait couru. Elle sentait le terrain sous ses foulées, savait instinctivement où poser les pieds, elle était comme le vent qui file entre les arbres. Elle percevait avec une précision incroyable toutes les odeurs qui...