Chapitre 2-2

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Un quart d'heure plus tard, ils finissaient leurs provisions autour du feu lorsque Kim prit la parole en fixant Asha, la rescapée miraculeuse du premier wagon, à une vingtaine de mètres d'eux, seule adossée à un arbre : « Je la sens pas celle-là ».

Les autres membres du groupe la regardèrent avec surprise, étonnés de cette remarque chez une de celle qui s'était montrée parmi les plus douce. Julie fut la première à parler : « Pourquoi tu dis ça ? La pauvre... Elle est trauma par ce qu'il lui est arrivé, et toi tu la descends comme ça ? ».

Kim haussa les épaules : « Ben ouais, je sais... je suis pas du genre à me faire des films pourtant, et j'ai bien réfléchi pour savoir pourquoi j'la sentais pas...

- Et alors ?

- Bein j'sais pas ».

Les autres en rire tout bas, mais elle reprit : « J'avoue, j'suis pas une spécialiste des gens qu'ont survécu à une catastrophe. Mais elle a pas l'air folle, elle se contente de rester dans son coin, et de regarder les autres avec son air calculateur.

- T'exagères peut-être un peu là, non ? Intervint Christophe.

- Non, j'te jure. Tout ce qu'elle a fait depuis hier, c'est récupérer son sac à dos et se poser dans son coin. J'ai essayé de lui parler, elle m'a à peine calculé. Elle m'a snobée.

- Ouais, t'es vexée, c'est tout, lui répondit-il. Moi je pense juste qu'il lui faut du temps pour digérer ce qui s'est passé. T'imagines ? Elle était à l'avant du premier wagon, et elle s'en est sortie. Ça doit interpeller ça ! Moi, à sa place, je sais pas comment je me sentirais... » Il se retourna pour l'observer et se leva avec une expression volontaire « D'ailleurs, je vais lui parler. Y'a pas de raison qu'elle reste toute seule...

- Tu dis ça parce qu'elle est bonne ! » releva Julie, avec un grand sourire de provocation.

Christophe observa la jeune femme miraculée un peu plus précisément, et pencha la tête de côté en remarquant les formes sveltes et féminines qui accompagnaient son visage ciselé.

Il releva ensuite les sourcils en regardant de côté la jeune demoiselle qui l'avait charrié, avant de hausser les épaules avec un grand soupir. Puis il se dirigea vers l'objet de cette controverse, amusé par cet échange.

L'apercevant venir vers lui, Asha releva la tête pour le regarder s'approcher. Elle dut se méprendre sur le sens de son sourire, car son expression changea de la plus parfaite neutralité à une franche hostilité. Le jeune homme observa le changement avec étonnement, tout en continuant son mouvement.

« Bonjour » lui dit-il simplement, sans que d'autres mots lui viennent à l'esprit.

Elle hocha la tête, ses fins sourcils noirs froncés, les yeux partiellement plissés.

« Je viens pas pour t'importuner » finit-il par dire en levant les mains en geste de conciliation. « Je trouvais juste que c'était pas très bien de te laisser seule dans ton coin, comme ça. Et je voulais t'inviter à venir avec nous, histoire de...

- Je suis bien toute seule » l'interrompit-elle.

« C'est pas gagné » Pensa-t-il en prenant une grande inspiration avant de poursuivre : « On a besoin les uns des autres. On est tout seul ici. Il faut qu'on s'entraide. Je pense que tu as vécu un moment difficile, on peut t'aider à surmonter ça ». 

Elle s'apprêtait à répliquer quelque chose, puis se ravisa avant de reprendre après une courte pause : « C'est gentil, répondit-elle avec un ton qui démentait ses paroles, mais je ne suis pas très à l'aise avec du monde pour l'instant. J'ai besoin de rester seule.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant