Chapitre 29 : Confrontation

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Les couleurs virevoltaient à la surface de la représentation de son gosheruhn, cette sphère en suspension abritée au centre du cœur de contemplation. Les teintes, habituellement pastels, étaient très contrastées, des vagues sombres percutaient des cours aux nuances vives, en un ballet désordonné et violent, à l'image des sentiments qui animaient Christophe. Il redoutait ce moment depuis quelques jours déjà, mais il n'avait pas le choix, s'il ne voulait pas renoncer aux pouvoirs du saphir magique.

Il y avait longuement réfléchi et avait choisi la confrontation.

Comme il s'y était attendu, la déesse apparut à ses côtés, quelques instants après qu'il soit entré en harmonie avec l'objet magique qu'il portait au front.

Il choisit, dans un premier temps, de ne pas lui faire face, continuant à observer la représentation de son gosheruhn. Mais la déesse n'entama pas non plus la conversation. Elle se contentait de l'observer, sans arborer, pour une fois, le sourire amusé qu'elle affectionnait.

Christophe se tourna donc vers elle, contrôlant du mieux qu'il pouvait le regard noir assassin qu'il lui adressait.

« J'avais pensé que tu refuserais de me revoir, lâcha-t-elle finalement.

- Je ne vois pas comment j'aurais pu faire, puisque tu t'invites en ce lieu sans même m'en demander l'autorisation.

- Tu aurais pu jeter l'objet, par dépit... par rage.

- Par haine aussi. Tu as oublié de le citer.

- Tu es donc homme à haïr ?

- Comme tout le monde, à part les saints.

- Mais tu n'es pas un saint.

- Non.

- Alors tu peux me comprendre, je suppose.

- Non. Je ne comprends pas le mensonge, surtout lorsqu'il est cruel et inutile.

- Inutile ? » Les sourcils magnifiquement dessinés de la Déesse se haussèrent. « Tu considères qu'il était inutile pour moi de t'éloigner de tes amies ? »

Cette question laissa Christophe médusé plusieurs secondes.

« Évidemment ! Explosa-t-il. Qu'as-tu à leur reprocher ? Qu'elles me soutiennent, qu'elles m'aident, qu'elles m'aiment comme je les aime ! C'est ça qui te fait peur ? Que je les préfère à toi ?

- Les relations qui lient les hommes entre eux ne sont pas les mêmes que celles qui lient un homme à une divinité. »

- Je ne t'ai jamais adoré, lâcha Christophe sur un ton neutre, tentant de reprendre son sang froid.

- Je ne te l'ai pas demandé.

- Alors pourquoi cette trahison ?

- C'est bien parce que tu ne peux pas en comprendre la raison que je devais le faire.

- Ce que tu dis n'a aucun sens.

- Parce que tu restes aveugle.

- Verbiage ! Accusa-t-il, agacé par ces réponses.

- Tu aimes Ève. Chacune de ses paroles aura un impact sur toi, expliqua la déesse. Et ses mots seront ceux qu'Aorila mettra dans sa bouche. N'oublie pas que contrairement à toi, Ève a fait vœu d'obéissance à sa déesse.

- Et ?

- Et Aorila et moi sommes en guerre. Elle aurait tôt ou tard trouvé un moyen pour t'éloigner de moi, à travers ton amie.

- Tu t'en charges très bien toute seule.

- C'était un risque à prendre. J'ai joué, j'ai perdu.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant