Chapitre 3-2

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Christophe s'adossa au tronc d'arbre et posa sa tête dessus : « Je suis comme vous, avoua-t-il après quelques secondes, je sais que j'aurais envie d'intervenir... Alors on va faire un deal. Vous quatre les filles, vous allez vous cacher derrière l'arbre aux grosses racines, là-bas. Et nous trois, on reste là pour voir comment ça se passe. Si jamais ils font mine de vouloir toucher un cheveux des gens de notre groupe, on frappe par derrière les guerriers les plus proches, pour faire diversion. Et ce qu'on peut espérer c'est que tout le monde en profite pour essayer de s'enfuir dans la jungle. Et nous, juste après, on fera exactement pareil ». Il se tourna vers Omar et Olivier : « Et il faut pas croire qu'on pourra leur tenir tête. Eux, ça fait des années qu'ils se battent avec ces armes antiques. Et vues leurs sales tronches, ils ont du écumer pas mal de bastons. Alors on essaye même pas de jouer au héros.

- Moi ça me va très bien, releva Omar.

- Pareil, répondit Olivier.

- Pas d'accord.

- Quoi Julie ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- J'veux pas rester à l'écart. J'suis pas une lâche.

- C'est pas une question de lâcheté. T'es la seule des filles qu'a l'air bagarreuse. Si on se retrouve séparés, vous et nous, je préfère que tu sois avec elles ».

A son regard, Christophe compris qu'elle n'était pas dupée par l'excuse, mais elle semblait consciente aussi qu'il n'avait pas vraiment tort.

« Alors laisse-moi prendre l'arc. Comme ça, de loin, s'il y a un truc, je pourrais vous aider.

- T'as déjà tiré à l'arc ?

- Non. Mais au moins j'pourrais essayer.

- OK. Tu prendras l'arc... Et maintenant, allez vous planquer. Nous on va se rapprocher un peu.

- Pas besoin de vous dire de faire attention ? » lui souffla Samya.

Il lui répondit par un sourire empli de compréhension, avant de la pousser du bras pour qu'elle aille se cacher avec les autres. Il se retourna ensuite, afin de discerner entre les branches quel chemin emprunter pour se rapprocher sans prendre de risques inutiles.

L'esprit de Christophe était clair, il n'avait pas peur. Il était excité en fait, étrangement... égoïstement.

Il se sentait vivant.

Asha et celui qui semblait être le chef du groupe, visiblement rétabli du contrecoup magique, finissaient de rassembler les affaires de la jeune femme. Leurs hommes d'armes séparaient précautionneusement les survivants en deux groupes, d'un côté les hommes et les femmes, jeunes ou d'âge mur, avec les enfants, et de l'autre, les personnes âgés, qui étaient envoyées vers le chevet des blessés.

Un des guerriers inspectait chacun des membres du premier groupe, il les auscultait brièvement, allant jusqu'à palper les membres pour certains d'entre eux, tout en gardant ses gants de cuir. L'une des femmes avait une entorse à la cheville, elle ne marchait qu'avec l'aide d'une branche d'arbre improvisée en béquille. Le guerrier sembla réfléchir, jaugea la femme de la tête au pied et alla voir Asha.

Leur échange fut de courte durée. Asha jeta un coup d'œil rapide à la femme en question, et lança un regard consterné à celui qui venait la consulter avec déférence. Les quelques mots qu'elle employa étaient inconnus de Christophe, mais il ne faisait aucun doute qu'elle considérait son interlocuteur comme un imbécile profond.

Celui-ci resta stoïque, et s'en retourna à sa tâche, qu'il reprit aussi méthodiquement qu'auparavant.

Sur les trente personnes qui composaient ce groupe, deux hommes et une femme furent renvoyés vers le second groupe. Pourtant rien ne semblait les différencier des autres, si ce n'était que l'un avait éternué plusieurs fois durant les minutes précédentes. Christophe se rappela d'un échange qu'il avait eu avec lui le jour précédent, dont il était ressorti qu'il avait de nombreuses allergies. L'une de celle-ci s'était réveillée depuis qu'ils étaient arrivés sur ce monde, mais il n'avait pas pu en identifier l'origine. Cela ne le traumatisait pas, il en avait l'habitude. Par contre, les hommes d'armes le traitaient presque avec crainte, le dirigeant ou le repoussant avec des bâtons. L'autre homme semblait avoir de la fièvre, mais pour la femme, elle n'avait rien de remarquable en apparence, du moins à ce que pouvait voir Christophe d'où il était.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant