« L'Arbre-Roi était sage » leur dit Aïkehu, qui les avait rejoint avec Iyuh et Aëlep pendant leur ascension. « dans un certain sens, il est bienveillant. Lorsque nous venons en ce lieu, nous prenons soin de lui, nous faisons ce que font pour lui ses serviteurs, mais nous le faisons mieux, parce que notre esprit est plus subtil. Alors il nous le rend, il nous protège, il nous nourrit.
- C'est comme un dieu, remarqua Christophe.
- Non, un grand esprit, un gosheruhn éveillé. Il n'est pas comme un dieu, il est là.
- Aorila est là, intervint Ève.
- Pardonne-moi, Eyela, convint Aïkehu. Oui, les dieux sont là pour ceux qui leur offrent leur cœur. Mais l'Arbre-Roi est ancré dans notre monde. Les dieux sont différents. »
D'un hochement de tête, la Vierge Guerrière admit l'argument.
« L'arbre-Roi préserve l'équilibre de son domaine, continua Aïkehu, et si quelqu'un le menace, il le chasse, ou le tue.
- Ce qu'il n'a pas fait avec Julie, remarqua Aëlep à l'intention des Français. Ce qui signifie qu'il l'a acceptée ».
Ils attendaient tous les évènements, à quelques mètres de Julie et de la voix, au sein des gigantesques branches d'Ahnteyua. Le groupe avait d'abord suivit la voix jusqu'au massif tronc à l'apparence d'albâtre, puis ils avaient tous commencer l'ascension, laissant là une Bagheera qui battait de la queue en regardant sa maîtresse s'élever. Le félin aurait pu les suivre sur les premiers mètres, mais la voix avait lancé un regard neutre vers la sanctive, et Ève avait senti que l'étrange humanoïde communiquait avec son amie à quatre pattes, lui interdisant d'aller plus loin. Bagheera avait regardé Ève. Pour simple assentiment, la Vierge avait cligné des yeux et la Sanctive s'était sagement assise pour attendre.
Kim avait regardé la gigantesque paroi qui lui faisait face avec appréhension, alors que Julie avait commencé à suivre la voix. Elle avait été tiraillée entre la peur et la nécessité de ne pas abandonner son amie. Iyuh avait posé une main sur son épaule, pour la rassurer. Il avait incanté et touché chacun des plus faibles, à savoir la petite asiatique et Aëlep, puis lui-même, renforçant la vigueur de leur bras et leur agilité.
Après une cinquantaine de mètres d'ascension, l'une des mains de Julie avait glissé sur sa prise, la déséquilibrant, la voix avait réagit en exécutant une acrobatie impressionnante pour la rattraper par le poignet, puis l'avait hissée sans effort sur une position qui lui permit de se reposer.
L'ascension avait été longue, plusieurs heures d'escalade éprouvante, dans un silence entrecoupé d'expirations et de grognements d'effort. Arrivés au niveau des premières branches, ils avaient arrêté leur progression verticale pour emprunter une branche aussi large qu'une autoroute, et étaient arrivés à une espèce d'esplanade à peu près plane, à la commissure de plusieurs branches. Au centre de celle-ci, une fissure dans le bois, de plus d'un mètre de large en son centre sur deux de longueurs, s'emplissait d'un liquide mauve, sous l'action d'énormes scarabées de plus de cinquante centimètres de long. Les insectes géants y amenait le liquide sous la forme d'une grosse goutte tenue entre leurs chélicères, qu'il déposaient avec précaution. Ce n'était pas les premiers insectes de cette taille que Christophe apercevait depuis leur départ, mais il ne l'avait pas signalé, de peur de mettre certaines des filles mal à l'aise. Cependant, face à ceux qu'ils avaient maintenant sous les yeux, aucune d'entre elle ne semblait avoir peur, elles étaient plutôt intriguées et admiratives des couleurs chatoyantes qui se reflétaient sur leur carapace.
Soudain, une multitude de petits singes, à la fourrure brun-violet, surgit des branchages supérieurs et s'élança sur l'esplanade avec des petits cris que Kim, une fois remise de sa surprise, trouva particulièrement amusant. Ils repoussèrent délicatement tous les humains, en dehors de Julie, vers une anfractuosité couverte de bosses, sur lesquelles ils les firent s'assoir. Bon nombre d'entre eux s'assit près des arrivants, tandis que les autres revinrent vers la jeune femme restée au centre de l'espace libéré, près de la voix. Les petits mains habiles lui ôtèrent son équipement et la déshabillèrent, tandis que la voix s'asseyait en tailleur, à quelques mètres de la fissure.
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Vierge de sang
FantasiaÈve courait, comme jamais elle n'avait couru. Elle sentait le terrain sous ses foulées, savait instinctivement où poser les pieds, elle était comme le vent qui file entre les arbres. Elle percevait avec une précision incroyable toutes les odeurs qui...