Chapitre 48 - 4

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Il fallait en finir vite.

Le colosse était trop fort, Christophe avait l'impression qu'il anticipait chacune de ses attaques. Il fallait qu'il change de technique, qu'il le surprenne. Mais il avait utilisé tous les enseignements que lui avait apporté Isk-hi. Il ne lui restait plus de feinte à tenter, plus de bottes qui n'aient déjà été esquivées. Et l'autre semblait indemne, alors que l'énergie qui avait emplie le corps de Christophe, grâce à l'action des khohus, s'amenuisait. Il s'était senti invincible sur le moment, mais maintenant, il avait l'impression que le seul être invincible se trouvait devant lui.

Tout ce qui restait à Christophe, c'était sa force. Il était plus fort que l'Akheraï, il fallait en profiter tant que c'était encore le cas, l'empêcher d'utiliser ses techniques de combats. Il devait tenter de le prendre au corps à corps, imposer l'épreuve de force, malgré les épines qui saillaient à chaque articulation de l'armure de son adversaire.

Christophe attaqua de nouveau, feinta, attaqua encore, puis après une dernière feinte, surprit le Nocturne en projetant sa hachette contre le défaut de sa cuirasse au niveau de l'épaule. L'arme se ficha là, pas assez profondément pour le blesser sérieusement, mais suffisamment pour bloquer le jeu de son armure. Profitant de l'avantage, Christophe le saisit de sa main droite au poignet pour l'attirer à lui, et projeter de toute ses forces la lame maintenue par sa prothèse gauche vers l'intérieur de l'aine de son adversaire, là où le jeu de l'armure laissait sa cuisse à découvert. Le seigneur Akheraï esquiva comme il put, envoyant sa jambe en arrière et perdant un peu de son équilibre, mais il réussit cependant à saisir le poignet gauche de Christophe à son tour. Ils se tortillèrent tous deux en se tenant l'un l'autre, cherchant à prendre l'avantage, mais l'Akheraï reprit finalement son équilibre, et se dévissa pour effectuer un mouvement de hanche et projeter Christophe au sol. Malgré la rapidité et la puissance de la projection, il conserva le poignet armée de l'humain dans sa main, pour ensuite enchaîner en bloquant son bras. D'un coup précis et rapide, il brisa sa prothèse. Christophe prit dans l'urgence de la situation réagit en tournant sur lui même, pour envoyer un violent coup de pied dans les jambes de son adversaire. Le colosse choisit d'accompagner la chute, sans lâcher sa prise, entraînant l'homme dans une série de roulades au sol. A chaque tour, les épines de l'armure du Nocturne pénétraient profondément dans la chair de Christophe. Les spasmes de douleur causés par les épines l'empêchèrent de réagir lorsque l'Akheraï reprit l'avantage et bloqua le bras droit de Christophe avec son genou, pour lever bien haut son poing et le frapper au visage.

Christophe eut l'impression que la moitié de sa figure partait à chaque coup. Son menton et sa joue n'était plus qu'un masse sanguinolente, les plaies dépassaient sa capacité de régénération. Il sentait la défaite qui s'approchait à grand coup contre sa mâchoire. Et malgré tout, malgré la douleur, l'épuisement qui venait, le désespoir de la situation, ou à cause de tout ça, il la refusait. De tout son corps, de toute sa volonté, il se révoltait. Il était maîtrisé, mais ne pouvait accepter la défaite, son esprit enfiévré par la souffrance cherchait une solution et plongea au plus profond, jusqu'à trouver asile de l'autre côté de lui-même, dans cette nature à laquelle les khohus l'avait connecté. Elle était là, puissante, infinie, et il l'appela à l'aide, simple corpuscule qui aspire à la protection de cette grande entité à laquelle il appartenait. Il sentit qu'elle lui répondait, que les racines qui les liaient l'un à l'autre, et que la destruction de son corps avaient jusque là amoindries, se renforçaient, enflaient. Dans cet temps étiré qui baignait son état de conscience, il sentit l'impact d'un nouveau coup, mais la douleur était moins forte, comme amenuisée par l'aura bienveillante qui pénétrait chaque fibre de son être. Et puis soudainement, étrangement, la douleur changea de forme, l'anesthésie disparut et fut remplacée par une souffrance vive et déchirante au niveau de son visage, et puis tout à coup, elle se fit multiple et furtive, s'insinuait partout dans son corps, comme si on y glissait une multitude de petites aiguilles. La douleur se répandit, enfla, jusqu'à atteindre un seuil insupportable, puis plus rien.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant