78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir.
Mai...
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Il suffisait de peu pour que la brise fraîche et légère s'éteignît et se transformât en un souffle brûlant et lourd qui tuait tout espoir, qui changeait une vie heureuse et libre en une longue et sombre plainte.
Rome...
L'Empire tout puissant.
Les chaînes.
L'esclavage.
Et puis, la lumière, les cris, la gloire.
Ou l'ombre de la gloire.
Un mirage. Un miroir aux alouettes.
Mais qu'importait au fond ? Elle ne se leurrait pas. À travers les cris, elle entendait les insultes, le dégoût parfois exprimé, le mépris jamais éteint, les quolibets.
Mais qu'importait une fois encore ? Elle avait choisi.
La condition servile lui avait été imposée. Elle n'était pas née esclave, elle l'était devenue, contre son gré. Mais sa tâche, elle l'avait choisie. Elle avait au moins la sensation au milieu des arènes souvent miteuses dans lesquelles elle se battait, que le moment lui appartenait, qu'il ne dépendait que d'elle. Qu'elle tenait enfin sa vie entre ses mains parce que, si elle décidait d'y mettre fin sans pour autant se donner la mort de ses propres mains,elle le pouvait. Elle savait que jamais elle ne céderait à la tentation car très vite, elle avait épousé l'arrogance stupide des combattants qu'ils soient libres ou de condition serviles. Le désir de gloire, la soif de victoire, de reconnaissance, l'amour de l'argent et des plaisirs qu'il procurait.
Elle était trois fois proscrite, méprisée. Comme esclave, comme gladiateur, comme gladiatrice. Elle se trouvait au plus bas de l'échelle sociale. Mais ils bavaient tous devant elle. Même ceux qui l'insultaient, même ceux qui la méprisaient. Ils bavaient sur son corps dénudé, offert à leurs regards concupiscents. Un corps qu'elle savait attirant, excitant. Et les femmes, quand elles ne fantasmaient pas sur celui-ci, rêvaient de posséder son aisance, sa grâce, sa souplesse et sa force. Son courage. Certaines rêvaient même de se retrouver à sa place, de manier la sica*, ce petit sabre recourbé, parfois denté, avec autant de virtuosité qu'elle savait la manier. D'être aussi sauvage. Elle palliait leur ennui. Elles se voyaient enfin libérées de leur condition de femme. L'égale des hommes.
Entre deux munus*, l'ennui pourtant était de mise. L'ennui et pourquoi le nier l'indigence et l'inconfort plus souvent que l'opulence et le luxe.
Mais aujourd'hui était jour de fête.
***
Le cri jaillit de mille bouches.
— Qui a gagné ? demanda Astarté.
— Piscès, répondit le doctor*.
— Diodoros ne vaut rien, fit la jeune femme en claquant la langue.