Chapitre LXVI : Rome.

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Des cris, du bruit, des rires, des exclamations. Pourquoi les villes étaient-elles si bruyantes ? Et si ce n'étaient que les villes. Le port, les quais et les routes semblaient eux aussi plongés dans un constant vacarme.

La plèbe ne se lassait pas d'acclamer les gladiateurs qui par centaines rejoignaient Rome. Ils arrivaient de Gaule et des provinces du nord ou de l'ouest par les vias Aurelia, Cassia ou Flaminia qui amenaient aussi les gladiateurs et les animaux débarqués des ports de la côte Adriatique ; du Latium, de Campanie et de Capoue par la via Appia ; et si, comme la familia de Téos, ils débarquaient à Ostie, ils remontaient vers Rome par la via Ostiensis.

Vingt milles à parcourir entre Ostie et Rome.

Entravés.

Aeshma avait l'impression d'être reléguée à de la viande fraîche destinée aux sanglantes représentations des meridiani. Non seulement, elle portait des entraves aux pieds, mais en plus, elle avait les poings liés devant elle et rattachés par une longue corde à ses chevilles. Elle ne pouvait pas lever les mains plus haut que son nombril. Elle n'était pas la seule. Tous les gladiateurs serviles partageaient sa condition. Et tandis que les auctoratus marchaient d'un pas souple, qu'ils souriaient et répondaient avec bonhomie aux vivats du public, leurs camarades se déplaçaient à petites foulées.

La familia s'était agrandie. Téos avait spécialement affrété un navire pour transporter ce que sa familia comptait de gladiateurs, de gladiatrices, de masseurs, de valets, de gardes, d'esclaves, d'aides. Près de deux cent personnes avaient quitté le ludus de Sidé.

Cent deux gladiateurs.

Des novices, des meliores, des hommes et des femmes qui promettaient de s'illustrer sur le sable ou d'y mourir. Téos savait qu'il ne ramènerait pas sa familia au complet, mais il s'enrichirait. Le Prince était riche et généreux, il paierait au prix fort ses gladiateurs égorgés. Téos en rachèterait. Cent jours de jeux. À la gloire de la dynastie des Flaviens, de Vespasien et de son fils Titus. Il fallait de l'or et du sang pour s'assurer de l'amour d'une plèbe inquiète et turbulente. Prompte aux émeutes. Téos gagnerait fortune et reconnaissance. Ses gladiateurs n'étaient pas tous de la trempe de ses meliores, un bon quart n'était même composé que de médiocres combattants. Mais Téos saurait les appairer ou les intégrer dans des représentations qui mettaient en scène des batailles mythiques. Lui et ses doctors leur avaient inculqué l'amour de leur métier, le courage face à la mort, la volonté de faire honneur à leur familia. Leurs prestations ne déclencheraient peut-être pas le fol enthousiasme du public, mais elles ne déclencheraient ni son ire ni son mépris.

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Marcia vint se placer à la hauteur d'Aeshma. La thrace arborait une mine sombre et contrariée. À côté d'elle, Atalante ne semblait pas plus heureuse.

— Vous êtes déjà venues à Rome ? demanda-t-elle.

Ouais, dans ma litière personnelle, escortée par des esclaves et des gardes. J'ai même été reçue par l'Empereur, répondit hargneusement Aeshma.

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant