Quintus resta de marbre. Rien de ce que pouvait lui dire le procurateur ne l'atteindrait. Cet homme n'était que mensonge, trahison et perversion. Routh se demandait comment on pouvait aussi éhontément mentir. Comment un homme pouvait s'abaisser à tant de médisances. Comment cet homme pouvait un seul moment penser qu'il serait cru.
— Tu ne me crois pas ? ricana Aulus Flavius.
Quintus ne répondit pas.
— Je n'invente rien, Quintus. L'empereur était présent quand Sextus Fannius a confondu celle que tu pensais être une femme honnête et c'est l'Empereur qui par juste décision m'a remis une partie des biens qu'avait spolié Julia.
— Elle n'a spolié personne.
— Elle a volé l'argent de Gaïa Metella.
Quintus se traita d'imbécile. Pourquoi parler avec ce rebut de l'humanité ?
— Qu'attends-tu de moi ? demanda-t-il pourtant
— Moi ?! Mais rien. Je suis venu par pure bonté. Par devoir. Tu as été honteusement trompé. Tu es un homme droit et juste, tu vises la magistrature. Cette femme...
— Ne me prends pas pour un imbécile, le coupa sèchement Quintus.
— Ta femme est une esclave, ton mariage n'a aucune valeur et ton fils...
Un rictus cruel déforma les traits d'Aulus Flavius. Routh serra l'enfant contre elle. Il dormait et rien ne l'avait encore réveillé. Quintus se rembrunit.
— Ton fils est un esclave comme sa mère, un bâtard, et il m'appartient, par décision de l'Empereur.
Quintus se plaça devant Routh.
— Je ne crois pas que l'Empereur puisse ainsi disposer de la familia et des esclaves d'un homme libre. Encore moins les céder à quiconque. Bâtard ou pas, Gaïus est mon fils, il m'appartient.
Aulus Flavius éclata de rire.
— Tu aimes cette traînée !
Quintus pâlit.
— Tu es un faible, mais je comprends ton penchant envers Julia. Elle est attirante... N'est-ce pas, Silus ? demanda Aulus Flavius à son centurion.
— Chaude et douce, procurateur, quel qu'en soit l'orifice.
— Chien ! fulmina Quintus qui en oublia toutes ses bonnes résolutions.
Il marcha sur Silus et leva la main. Silus para le coup, retourna Quintus et lui bloqua le bras derrière le dos. Il lança un regard à Aulus Flavius, le procurateur donna son autorisation. Silus ricana.Il força Quintus à tomber à genoux, il se pencha sur l'oreille du jurisconsulte et se mit à lui débiter d'un air salace tout ce qu'il avait fait subir à Julia, tout le plaisir qu'il en avait retiré, les cris et les gémissements qu'elle avait poussés. Il maintenait une clef douloureuse sur Quintus, et à chaque fois que celui-ci faisait mine de parler, il l'appuyait assez pour que le jurisconsulte gémît de douleur. Routh cherchait une issue. Pour le dominus, elle ne pouvait rien faire. Mais pour Gaïus ?
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Le sable rouge
Fiction Historique78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir. Mai...