Chapitre LXVII : La bestiaire aux cheveux d'or

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L'amphithéâtre était impressionnant. D'une folle hauteur. S'il n'y avait eu le mur qui surplombait la loge impériale et la séparait des gradins, Gaïa se serait sentie écrasée par la foule qui s'étageait au-dessus d'elle. La loge impériale. Gaïa n'eût jamais dû s'y trouver. Les femmes, à Rome, étaient reléguées dans les hauteurs, sous le péristyle qui couronnait l'édifice, juste en-dessous des esclaves.Seules les vestales pouvaient prendre place aux premiers rangs, sur des sièges de marbre qui leur étaient réservés. Insigne honneur pour ces vierges consacrées au service de leur déesse.

Mais Titus était le maître de l'univers, le maître des terres habitées ou désertiques, le maître de Rome, le maître de l'amphithéâtre. Le munéraire. Le seul et l'unique. Il donnait, offrait et se réservait en échange quelques privilèges. Comme celui de convier des femmes dans la loge impériale.

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La jeune femme se détendit contre le dossier de son siège et profita du paysage artificiel qui s'offrait à ses yeux.

Une jolie forêt touffue poussait sur le sable de l'arène. Des arbres feuillus, des bosquets d'arbustes et des clairières agrémentées de plantes rases et de fleurs multicolores. Un merveilleux paysage bucolique entouré de pierres et de cris. La foule était bruyante, agitée, comme elle l'est toujours dans un amphithéâtre quand elle attend que le spectacle commence. Elle bavardait, mangeait, grignotait des graines de pastèque grillées, des lupins et des caroubes achetés aux marchands qui occupaient les galeries extérieures de l'amphithéâtre. Les gens s'interpellaient, riaient, s'impatientaient.

Les jeux commençaient. La première semaine servirait de mise en bouche, ensuite se succéderaient les chasses exotiques et les champions. Titus avait programmé deux naumachies et des combats de groupes qui mettraient en scène de grandes batailles historiques au cours desquelles s'étaient affrontés des peuples barbares. Le bruit courait que, lors de ces combats, cinquante gladiateurs d'expérience, soutenus par une centaine condamnés à mort, s'affronteraient sans règles et sans arbitres. Des batailles en situation réelle. Sauvages et sanglantes. Tellement excitantes quand les combattants jouaient bien leurs rôles.

Ce matin-là, rien de tel n'était prévu. Depuis deux jours, on présentait les bestiaires venus des quatre coins de l'Empire. L'occasion leur était donnée de montrer leurs talents sans trop se mettre en danger. De se faire connaître. Les spectateurs avaient ainsi la possibilité de mettre un visage sur les noms qui s'affichaient sur les programmes. D'évaluer leurs performances, de les noter et d'envisager plus tard d'engager des paris et de l'argent sur leurs noms. De savoir s'il fallait dépenser ou non son argent pour assister à la journée au cours de laquelle les bestiaires se produiraient. Un bestiaire habile pouvait combattre plusieurs fois par semaine.

Gaïa avait été un peu surprise de découvrir le nom de Marcia au programme de la chasse du jour. La jeune fille avait-elle changé d'armatura ou bien son laniste prévoyait-il de la présenter indifféremment aux venatios et au munus ? Connaissant Téos et son goût de l'argent, Marcia et sa réputation de rétiaire, Gaïa penchait pour la deuxième option. Elle se demanda s'il était possible de dénoncer le contrat de Marcia en invoquant une violation des clauses de celui-ci par le laniste. Si Marcia officiait comme bestiaire et comme rétiaire, son quota de six combats par an serait largement dépassé. Elle avait déjà combattu quatre fois cette année. La chasse serait son cinquième engagement. Un engagement modeste qui en présageait bien d'autres. Elle allait doubler, sinon tripler, le nombre de combats inscrits sur son contrat.

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