78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir.
Mai...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Gaïa et Julia avaient été retenues tard le soir. Elles avaient cependant dîné avec Marcia qui leur avait raconté son après-midi dans les moindres détails, leur avait dressé un portrait hautement élogieux de la jeune rétiaire et détaillé point par point son entraînement. Elle se leva même au milieu du repas pour leur faire une démonstration. Les deux sœurs rirent avec indulgence et Gaïa proposa une chevauchée le lendemain matin. Marcia hésita. La rétiaire lui avait assuré qu'elle l'entraînerait et Marcia mesurait très exactement sa chance d'avoir une gladiatrice expérimentée comme professeur, d'autant plus que la petite thrace serait peut-être aussi là pour lui dispenser un cours. Mais la perspective d'une folle chevauchée avait elle aussi bien des attraits.
— Je comprends tes hésitations, Marcia, mais j'aurais peut-être une surprise pour toi. Une surprise qui risque de te faire heureusement oublier que tu as manqué un entraînement avec Atalante.
— Mmm... hésita Marcia.
— Je ne te promets rien. Mais si tu ne viens pas, tu le regretteras.
— Je viens.
— Il ne faudra pas partir tard. Il fait moins chaud et la lumière est plus agréable le matin.
— À la deuxième heure ?
— Oui, ce serait parfait. Tu viendras, Julia ?
— Non, un autre jour. Je veux aller voir le moulin demain et ensuite vérifier où en sont les moissons près de Bois Fagus.
— Comme tu veux. Marcia, tu connais assez bien le Grand Domaine pour nous guider ?
— Elle le connaît presque aussi bien que moi, affirma Julia. Et puis, on ne risque pas trop de se perdre.
— Bon, c'est parfait, se félicita Gaïa.
Marcia s'excusa et rejoignit sa chambre. Elle n'avait passé que deux heures en compagnie d'Atalante, mais la grande rétiaire l'avait épuisée, sans compter la chevauchée du matin. Elle se déshabilla rapidement, se lava les mains, la figure et les dents, et se coucha.
.
Julia et Gaïa discutèrent un peu, du Grand Domaine, de la journée, de Marcia. Gaïa appréciait la villa, l'environnement et félicita sa sœur quant à la gestion du domaine. En à peine deux ans, Julia en avait fait une riche propriété. Les arbres fruitiers, les oliviers, les vignes avaient été plantés longtemps auparavant, mais l'ancien propriétaire s'était désintéressé du domaine et son intendant en avait retiré le profit qu'il en espérait, sans chercher à développer ses activités ou à moderniser les installations. Le domaine était dans un état lamentable quand Julia l'avait acquis, le matériel agricole obsolète et mal entretenu, la villa mal tenue.
Elle avait tout repris d'une main ferme. Licencié l'intendant, débauché Marcus Severus d'une opulente propriété appartenant à Quintus Pulvillus, recruté Berival et renouvelé pratiquement tout le personnel, excepté les bergers qui vivaient, à demi-sauvages dans les collines et s'occupaient avec beaucoup de compétence de leurs troupeaux. Elle avait réorganisé le travail, les cultures, fait tailler les arbres, réparé le pressoir à huile, engagé des spécialistes, trouvé des marchés où vendre sa production.