Aeshma ne passa pas la nuit suivante avec Astarté, ni celles qui suivirent.
Atticus n'eut pas à avoir recours aux gardes pour obliger les deux melioras à se reposer. Il les avait sévèrement réprimandées quand, le matin, il était venu les ausculter. Aeshma saignait encore à son arrivée et quand il découvrit qu'Atalante avait rompu des points qu'elle portait à la cuisse, il s'emporta :
— Quand vous êtes sur le sable, vous êtes libres de faire ce que bon vous semble. De violer les règles, de mettre stupidement votre vie en danger en vous dressant contre les usages ou contre ce que Téos attend de vous. Vous savez qu'il était furieux ? Qu'il vous auraient bien vendues à l'issue de votre prestation d'hier ? Tu joues sans cesse avec le feu, Shamiram. Un jour, tu t'y brûleras et je ne crois pas que tu seras très heureuse si quelqu'un s'y brûle les doigts avec toi. Mais ça, c'est votre problème. Par contre, quand vous sortez de l'arène, quand Téos vous confie à moi, vous m'appartenez. Vous êtes à moi. Si je ne suis pas là pour soigner vos blessures, comment croyez-vous que ça finirait ?
— Je me débrouillerais, maugréa Aeshma qui détestait se faire réprimander comme si elle était une novice.
Atticus vint vers elle.
— Allonge-toi, ordonna-t-il d'un ton sans réplique. Sur le dos.
Aeshma maugréa, mais obtempéra.
Le médecin lui posa un pied sur la cuisse, là où Atalante l'avait profondément blessée juste au défaut de son ocréa et de sa cuissarde. Là, où Astarté avait posé sa tête et rouvert la plaie. La jeune Parthe serra les dents. Atticus accentua la pression. Aeshma posa ses mains sur son pied.
— Atticus... coassa-t-elle.
— Tu te crois assez forte pour t'occuper de tes camarades, Shamiram ? Mais tu n'es pas médecin. D'abord, il te reste beaucoup à apprendre et ensuite tu es toujours gladiatrice, alors dis-moi qui va te soigner quand je t'aurais fermé la porte de l'infirmerie ?
— Téos ne te le permettrait pas, râla Aeshma entre ses dents.
Atticus vrilla son pied, Aeshma cria sous la douleur.
— Medicus, le supplia Atalante.
Atticus abandonna Aeshma et se retourna vers la jeune Syrienne. Elle était assise, il se baissa et referma une main sur son bras gauche. Ses doigts puissants se crochetèrent dans le biceps qu'Aeshma avait transpercé de sa sica. Atalante ouvrit la bouche et ses yeux se remplirent de larmes.
— Tu ne vaux pas mieux qu'elle, Atalante. Tu m'as toujours habituée à te montrer sage, où êtes-vous allées vous promener cette nuit ? Pourquoi Aeshma saigne-t-elle autant ?
Atalante haletait, Aeshma se tenait la cuisse en gémissant.
— Atalante ! cria-t-il.
VOUS LISEZ
Le sable rouge
Historical Fiction78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir. Mai...