À Alexandrie, personne n'avait cherché à attenter à la vie de Quintus et de Julia. À Patara, leur disparition avait fait grand bruit et Andratus avait dû répondre aux questions pressantes de ceux qui entretenaient avec Julia des liens d'amitiés ou qui faisaient partie de sa clientèle. Certains s'inquiétaient de sa santé. D'autres plus pragmatiques de leur avenir. Sans Julia, comment subviendraient-ils à leurs besoins ? Le secrétaire de Quintus Valerius Pulvillus fut pressé de la même manière par les amis et la clientèle du jurisconsulte. Andratus savait, l'intendant de Quintus ne savait rien.
Deux mois après leur disparition, Julia et Quintus firent parvenir des tablettes à leurs intendants. Julia informa Andratus qu'elle se portait bien et qu'il n'avait plus besoin de cacher qu'elle avait échappé au massacre de Bois Vert. L'intendant de Quintus pleura de joie en apprenant que le dominus était vivant. Tous deux purent ébruiter la nouvelle et affirmer sans mentir que personne ne savait qui avait attaqué la villa du jurisconsulte, que le couple était parti se réfugier à Alexandrie où la jeune domina avait découvert qu'elle attendait un enfant et qu'elle préférait ne pas affronter les dangers d'une traversée en hiver. L'enfant naîtrait début avril à Alexandrie et le couple rejoindrait la Lycie un peu plus tard.
.
Quintus avait doucement guéri et Julia avait débordé d'activité jusqu'au mois de mars. Ensuite son ventre devint trop encombrant et surtout trop lourd pour qu'elle pût continuer à courir dans les entrepôts ou rester des heures debout ou inconfortablement assise devant un bureau.
Les deux sœurs avaient longuement parlé, mais Julia, tout comme Quintus, n'avaient su trouver quelqu'un qui leur voulut assez de mal pour fomenter un assassinat. Ni les affaires de Julia ni la place de Quintus dans la société de Patara ne justifiaient un tel acte. Ils n'entretenaient aucun différend politique ou commercial avec qui que ce fût et ils eurent beau formuler les hypothèses les plus folles, aucune ne résista à un examen raisonnable.
— Nous aurions dû demander à Aeshma si elle se souvenait du dessin qui ornait le sceau du légionnaire, dit un jour pensivement Julia à sa jeune sœur.
— Crois-tu qu'elle y ait fait attention ?
— Je ne sais pas, mais il y a fort à parier que le commanditaire du premier crime est le même que celui qui a fomenté notre mort. Les gladiatrices sont le seul lien qui existe entre les deux attaques. Nous aurions pu savoir à qui appartenait ce sceau et comprendre qui voulait du mal à son propriétaire. Aeshma nous a aussi promis qu'elle tenterait de savoir qui était le commanditaire.
— Il faut que nous la recontactions, déclara fermement Gaïa.
— Comment ?
— En la rencontrant.
— Tu veux aller la voir dans sa familia ? Son laniste sait certainement dans quoi il a trempé. S'il te voit aller lui parler, s'il sait qui tu es, il se doutera de tes intentions et il n'hésitera pas à t'éliminer.
VOUS LISEZ
Le sable rouge
Historical Fiction78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir. Mai...