CHAPITRE LVIII : Le serpent

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Les banquets manquaient souvent de la plus élémentaire décence. La nourriture abondante, le vin gâché, des spectacles parfois du plus mauvais goût. Ces filles à peine nubiles, ces jeunes garçons, qui chantaient, dansaient, se déshabillaient et qui finissaient le plus souvent ivres de fatigue, de vin et de sexe, les bras bleus d'avoir été brutalement tenus pour être mieux besognés par des hommes imbus de leur privilèges.

L'adultère.

Le crime n'existait pas pour les hommes et s'il existait, Julia savait pertinemment que s'ébattre avec un esclave ou des prostitués n'était pas puni par la loi. Il en irait toujours du contraire pour les femmes. La loi et la morale romaines ne toléraient aucune liberté à celles qu'elles considéraient presque exclusivement comme des ventres. Les femmes n'avaient d'autres fonctions à leurs yeux que de porter des enfants. Les femmes libres donnaient des héritiers mâles à leur mari, les esclaves, de nouveaux bras pour travailler à leurs maîtres. Des héritiers mâles parce que, dans bien des endroits de l'Empire, le père tout puissant ne s'embarrassait pas d'une progéniture femelle.

Malheur aux femmes qui n'engendraient pas de petits mâles, elles ne valaient pas mieux que les femmes frappées de stérilité.

Malheur aux filles. Une survivrait peut-être, les autres seraient vendues ou tout simplement abandonnées dans la rue, livrées aux chiens, aux porcs ou à des marchands de chair fraîche. La fille était une charge et elle ne pouvait être mariée sans apporter une dote à son futur époux. Seuls les rois, les princes ou de riches aristocrates leurs trouvaient quelques attraits. Ils pouvaient les offrir en cadeau en échange d'une alliance, d'un traité, d'un tribut ou d'un butin.

Julia chassa son amertume, Caïus Metellus n'avait pas répudié sa femme pour ne lui avoir donné que deux filles après avoir perdu un garçon en bas âge. Il avait gardé ses deux filles et ils les avaient autant aimées qu'il aurait aimé ses garçons. Valens avait aimé sa fille. Le tribun aurait pu se remarier, il ne l'avait pas fait. Peut-être n'avait-il pas voulu imposer la présence d'une étrangère à sa fille qu'il aimait tant.

La soirée n'avait pas encore glissé. Il était encore tôt. Les convives se tenaient correctement, les conversations roulaient banales et polies, intéressantes ou pleines d'esprit. Les artistes conviés par Sextus Baebius Constans ne se vautraient pas dans la débauche. Des joueuses de flûtes et des danseuses avaient offert un joli spectacle. Il y avait eu un pantomime, très applaudi. Les femmes et les gens respectables ne s'étaient pas encore éclipsés. Ses yeux croisèrent ceux de Fausta, la femme du propréteur. Une femme agréable. Comme son mari ou ses enfants. Julia avait pour cette raison, un peu de mal à comprendre comment Sextus Constans pouvait tolérer chez lui des orgies.

Elle s'en était ouverte à Quintus avant la soirée.


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Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant