Chapitre CXLVI : Avant le départ : confidences et vérités

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Et puis, ce fut au tour d'Aeshma et d'Astarté de se retrouver sur un navire. À celui de Marcia, de Galini, de Sabina, d'Anté, d'Enyo et de Germanus de se tenir une nouvelle fois sur le quai.

Marcia, Atalante et Galini avaient fait leurs adieux à la villa. À L'abri des regards.

Marcia ne s'était pourtant pas sentie capable de voir l'Artémisia lever l'ancre et emporter Aeshma et Astarté loin d'elle. Elle s'était morigénée, elle reverrait aussi bien Astarté qu'Aeshma, et elle avait longuement été séparée de la grande Dace par le passé. Mais elle avait pris conscience qu'au moment de leur départ, une porte se fermerait définitivement. Qu'elle réintégrait pleinement sa vie de femme libre et qu'elle avait obscurément peur de les perdre.

Le soir précédant le départ de l'Artémisia pour Alexandrie, Julia la retrouva effondrée dans un recoin sombre du jardin. Elle tourna les talons sans se faire remarquer par la jeune fille. Elle demanda à ce qu'on préparât un bain, attendit qu'il fût prêt avant de repartir chercher Marcia. Celle-ci n'opposa aucune résistance aux volontés de Julia. Elle la suivit sans protester, se déshabilla comme elle le lui demanda et entra dans l'eau chaude et odorante. Ensuite, elle s'abandonna totalement aux mains douces et aimantes de la jeune femme. Julia la lava, la savonna, la massa doucement, puis quand l'eau commença à se rafraîchir, la fit sortir, l'enveloppa dans un grand drap et la conduisit dans sa chambre. Quintus lisait. Il leva la tête à leur entrée, désigna le lit sur lequel reposait Gaïus. Julia hocha la tête. Le jurisconsulte rangea le rouleau qu'il consultait, prit Gaïus dans ses bras, embrassa gentiment Marcia sur la tempe en passant à côté d'elle et s'éclipsa. Julia poussa Marcia vers le lit. Elle déroula le linge dans lequel elle l'avait drapée. Marcia se coucha. Julia la couvrit. Elle défit ensuite sa coiffure, se peigna et la rejoignit sous les couvertures. Marcia vint poser la tête sur son épaule, elle pleura en silence comme elle le faisait quand elle venait trouver du réconfort auprès d'Aeshma et s'endormit sans prononcer un mot.

Julia serra la jeune fille entre ses bras. Sa fille. Des larmes perlèrent aux commissures de ses yeux. Elle comprenait sa peine.

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Galini, elle, ne comprenait pas ce qui pouvait autant la bouleverser. Elle ne perdait pas Astarté et elle était assurée de la revoir. Mais elle l'aimait tellement. Elle avait beau se traiter d'imbécile, rien n'y faisait. La jeune fille était submergée par la même angoisse qu'éprouvait Marcia. Une sensation de sauter dans le vide. Elle avait aussi envie de dire des milliers de choses à Astarté, mais elle ne trouvait pas les mots et elle réalisait avec terreur qu'après son départ, il serait trop tard.

Astarté l'avait reçue dans un petit cubiculum que Julia et Quintus avaient mis à sa disposition. Galini se tenait stupidement debout, les yeux baissés et n'arrêtait pas de passer gauchement d'un pied sur l'autre.

— Galini... Je ne comprends pas, lui dit gentiment Astarté un peu surprise par l'étrange humeur de la jeune fille.

— Tout est fini, murmura Galini

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant