Julia et Gaïa ne dormaient pas. Elles attendaient en silence.
Gaïa se reprochait amèrement sa bêtise. Julia retournait inlassablement ses pensées dans sa tête, cherchant ce qu'elle aurait pu faire ou dû faire pour ne pas provoquer ce déferlement de haine chez Marcia. Elle se demandait avec angoisse si la jeune fille la pardonnerait jamais. Quintus et Gaïus lui manquait. Quintus aurait su lui parler, la rassurer. Sa tranquille assurance aurait fait le pendant à ses inquiétudes. Gaïa était bien trop tourmentée pour cela.
— Je devrais aller voir Aeshma, aller lui parler, dit-elle pour la dixième fois.
— Ce n'est pas une bonne idée, lui répéta Julia pour la dixième fois.
Leur peine s'ajoutait l'une à l'autre. De violents coups sur la porte d'entrée les tirèrent de leur abattement. Sergios frappa discrètement à la porte de la chambre.
— Domina, un certain Publius Tidutanus demanda à vous voir, dit-il en s'adressant à Gaïa. Il dit que c'est important.
— Publius Tidutanus ? Tu es sûr ?
— Il a dit que vous le connaissiez.
— Fais-le entrer, je descends.
— Bien, domina.
— PubliusTidutanus ? Le chef des gardes du ludus d'Aeshma ne s'appelle-t-il pas comme cela ? demanda Julia.
— Si.
— Qu'est-ce qu'il te veut ?
— Allons voir.
Tidutanus attendait dans l'atrium. Il s'étonna de la présence des deux jeunes femmes. Atalante ne lui avait parlé que de Gaïa Metella, pas de sa sœur. Il les salua avec beaucoup de respect. Gaïa parce qu'elle avait combattu à ses côtés, Julia parce que sans elle, sans ses médecins, il aurait perdu Sabina, Enyo et Galini, parce qu'elle les avait accueillis avec générosité au Grand domaine.
— Tidutanus, qu'est-ce qui t'amène ?
— Atalante m'envoie vous demander de l'aide.
— Atalante ?! s'étonna Gaïa.
Tidutanus inspira un grand coup. Quel fou, il était. Il risquait la croix et l'infamie pour deux esclaves, pour des meurtrières. Il devait la vie à Atalante et Aeshma, mais il ne devait rien à Astarté. Il n'avait jamais contrevenu aux ordres de Téos. Il assurait la protection du laniste depuis des années et des années.
Téos l'estimait et lui faisait confiance. Enfin, il l'estimait... Comme on estime un employé efficace, rien de plus. Mais Tidutanus gagnait bien sa vie et il était respecté par l'ensemble du ludus, du dernier des esclaves à Herennius, en passant par Saucia, Atticus ou les gladiateurs. On ne l'aimait pas particulièrement, mais on le respectait. Autant pour son autorité, que pour sa fonction et son fouet. Pour son honnêteté aussi.
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Le sable rouge
Исторические романы78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir. Mai...