Chapitre LV : Alexandrie

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Aeshma avait la tête qui tournait. Les quais du Portus Magnum étaient encombrés de badauds qui s'affairaient de tout, de porte-faix qui invectivaient les badauds qui les empêchaient de passer, de commerçants, de marchands, de mendiants, de colporteurs, d'esclaves qui couraient dans tous les sens, d'enfants, de tire-laines, de soldats, de saltimbanques armés de cerceaux, de flûtes, de cistres et de tambourins, de marins, de voyageurs en quête d'embarquement.

Le bruit, les paroles lancées. C'était trop.

Une main se posa, légère sur son épaule. Elle tourna la tête. Gaïa lui sourit pauvrement.

— Ne disparais pas, Aeshma.

Elle se sentait aussi perdue que la jeune Parthe. Un mois en mer avait suffi à lui faire oublier l'animation du port, à la transformer en barbare des sables, habituée au silence et aux grands espaces, perdue et paniquée au milieu de la foule.

— Alors ? Vous me semblez bien embarrassées, dit Iohanna. Vous vous en sortirez ou je dois vous accompagner quelque part ?

Euh...hésita Gaïa un peu perdue.

Un homme se planta soudain devant de la jeune Alexandrine et la regarda impudemment sous le nez. Il fronça comiquement du nez et des sourcils.

— Iphiclès... le morigéna Gaïa.

L'homme se mit à crier, tourna brusquement les talons et s'enfuit sous les yeux ébahis d'Aeshma et Iohanna.

— Doris, tu connais ce drôle ? lui demanda le marchand.

Oui, s'égaya Gaïa sans complètement abandonner son air de bête traquée. Iohanna, pourrais-tu nous conduire dans un endroit plus calme ? J'avoue que la foule m'effraie et que... Aeshma n'a pas l'air plus à l'aise que moi.

Euh... c'est que..., tenta de se justifier la jeune Parthe.

Ce n'est pas la peine, Aeshma. Je ne suis pas mieux que toi. C'est... après tout ce temps passé en mer... J'avoue que... Iohanna, s'il vous plaît.

Vous parlez de filles d'Alexandrie, ronchonna le marchand.

Il prit sans façon la main de Gaïa et la traîna derrière lui.

— Par pitié, Iohanna, pas au forum, le supplia Gaïa.

Tais-toi et marche, l'enjoignit sèchement le marchand.

Les deux femmes lui avaient encore menti. Qu'est-ce que c'était que cette histoire de : Tout ce temps passé en mer ? Il savait très bien que Doris n'évoquait pas leur voyage de Darnis à Alexandrie. Elles lui avaient dit avoir fait naufrage. Il avait compris que leur voyage était un simple aller-retour entre Alexandrie et Darnis. Ce n'était apparemment pas le cas. Pourquoi ne les avait-il pas, une fois pour toute, abandonnées sur les quais, se morigéna-t-il ? Qu'est-ce qui le portait à s'inquiéter du sort d'une courtisane et de son esclave ?

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant