Chapitre LXXVIII : La fille du tribun Kaeso Atilius Valens

120 10 4
                                    

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Marcia était assise en tailleur sur un coffre. Elle lisait les Enquêtes d'Hérodote. C'était amusant, distrayant. Elle se demandait parfois si l'auteur avait réellement voyagé. Elle avait emprunté le livre à Gaïa. Celle-ci lui avait assuré qu'elle ne s'ennuierait pas à le lire. Hérodote l'emmènerait loin de Rome. Il comblerait d'aise son esprit curieux. Les premiers livres parlaient des Perses, des Égyptiens et des Scythes. Hérodote y détaillait leurs coutumes, leurs croyances, leur histoire. Ils décrivaient les paysages, les animaux et les plantes qu'on trouvait sur les terres qu'habitaient ces hommes. Dans ses écrits, dieux, héros et personnages historiques mêlaient leur destin aux peuples. Marcia s'étonnait parfois, ravivait ses connaissances et sa mémoire des récits passés. Elle avait aussi le sentiment poignant de rentrer dans l'intimité d'Aeshma. La gladiatrice était Parthe. Mais l'histoire de son peuple se confondait avec celui des Perses et des Assyriens. Celui des Grecs, des Égyptiens et des Romains. Ils étaient tous liés par des accords commerciaux ou par des guerres qui les avaient rapprochés contre des ennemis communs ou les avaient conduits à se massacrer entre eux. Aeshma prenait une dimension mythique. Atalante appartenait aux tribus nomades, ces passeurs du désert dont l'allégeance n'était jamais assurée. Ces peuples qui ne reconnaissaient que leurs propres lois. Atalante et Aeshma, représentaient la quintessence des peuples nomades qui vivaient sous des tentes et se déplaçaient sans cesse, et des peuples sédentaires qui s'épanouissaient autour de villes gigantesques et magnifiques. Des peuples mystérieux et fascinants.

Elle retrouvait ce même exotisme quand Hérodote se penchait sur l'Égypte. Julia et Gaïa n'étaient-elles pas des enfants de l'Égypte ? Elles étaient nées ailleurs. Elles étaient Romaines, mais le sable et les pierres des pays où elles avaient vécu coloraient leur peau d'une teinte particulière, donnait à leur regard une intensité particulière.

Marcia sourit, elle adorait ce livre. Connaître le passé, permettait de ne pas commettre les mêmes erreurs. Connaître ses racines, les chérir et ne pas les oublier, relevaient de la gratitude et du respect. Elle étendit sa main gauche sur le papier et contempla la bague qui ornait son annuaire.

Gaïa l'avait merveilleusement conseillée. Marcia avait de l'argent et elle n'avait pas regardé à la dépense. Elle voulait un beau bijou. L'anneau d'or était finement ciselé. Un grenat rouge clair y avait été enchâssé. L'artisan avait réalisé la gravure selon les vœux de la jeune fille. Il avait effectué plusieurs dessins préparatoires et ils avaient arrêté ensemble le motif définitif. Un motif délicat, parfaitement rendu. Magnifique. Le joaillier avait absolument voulu lui montrer le résultat si on apposait le sceau sur de la cire. Marcia n'avait pas protesté, mais elle n'entendait pas se servir ainsi de la bague et elle n'avait rien répondu quand l'artisan s'était étonné qu'elle commandât pour elle-même un motif si masculin. C'était un érudit. La plante aux fleurs délicates ne l'avait pas égaré.

Marcia sourit avec nostalgie. Le sceau de son père avait été volé, il n'avait jamais été retrouvé. Il aurait aimé qu'elle le portât. Ne l'avait-il pas inventé pour elle ?

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant