Chapitre CXV : Les chèvres folles.

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Le petit troupeau avançait, plus ou moins groupé. Mener des chèvres demandait une attention de tout moment. Une chèvre ne suivait pas docilement le bouc à tout moment. Si une fleur ou un buisson avaient chatouillé l'odorat de l'animal ou si son aspect lui avait paru appétissant, peu importait le bouc, le troupeau, le berger ou l'espérance d'un nouveau pâturage. La chèvre filait. À cinq pieds, à cent pieds, devant, derrière, en haut d'un inaccessible rocher. Il fallait l'arrêter, dès que ses cornes commençaient à montrer des signes d'impatience, dès que l'animal levait le museau. L'idéal était d'être assez nombreux quand on déplaçait un troupeau. Un cri retentit :

 Tilitili, biquette !

Tibalt se retourna. Une chèvre s'était écartée du troupeau et broutait un buisson avec enthousiaste. Le cri retentit une fois encore. La chèvre leva le museau et à la troisième injonction, elle abandonna ses épines pour gambader dans la direction de la jeune fille qui l'avait appelée. La chèvre bêla et se frotta contre la hanche de sa gardienne. Un rire jaillit. Dolon regrettait ne pas avoir été accompagné par Atalante. La jeune femme connaissait les chèvres et elle savait s'en occuper avec compétence. Elle savait les soigner et, comme lui, elle les aimait. Dolon, lui aussi, appréciait la grande rétiaire. Il l'appréciait avant qu'elle ne se battît contre les loups, tout comme Tibalt l'avait apprécié et ce, dès le premier jour où cette grande fille aux cheveux longs était arrivée au campement. Son regard. Sa réserve et son extrême modestie. Sa dextérité quand, devant les yeux ébahis des bergers, elle avait trait sa première chèvre. Leurs expressions goguenardes et moqueuses avaient aussitôt disparues, ils avaient reconnu l'une des leurs. Mais les chiens connaissaient Atalante. Elle ne pouvait pas descendre à la villa. Même sous un déguisement de berger, elle serait reconnue. Il avait hérité de trois autres gladiateurs et au moins, l'un des trois, Sara, se montrait une bergère tout à fait crédible.

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Les meliores avaient hésité. Qui envoyer à la villa avec Tibalt et Dolon ? Les gardes étaient partis et excepté Berival, personne ne savait correctement manier une arme. Il lui fallait du soutien, infiltrer des guerriers accomplis qui auraient aussi pour mission d'ouvrir la villa à leurs camarades. Mais qui ? Les meliores hommes comme femmes étaient trop connues. Sabina s'était proposée, mais le souvenir de Briséis menaçait son anonymat. Le risque qu'elle fût démasquée était trop grand. Il leur faudrait faire appel à des seconds palus. Caïus, tout comme les gardes de Tidutanus, portait des cheveux très courts et arborait une tête de légionnaire. Chez les hommes, seul Gallus fut jugé susceptible de tromper l'ennemi. Sa barbe de quatre jours, ses cheveux indisciplinés qu'on recouvrirait de poussière et qu'on ébourifferait encore un peu plus donnerait le change. Restait les cicatrices, nombreuses. La femme de Dolon confectionna une espèce de bouillie de terre, mélangé à de la cendre et Germanus en barbouilla le gladiateur. Voilà du côté des hommes. Restait à sélectionner deux gladiatrices. Gallus était thrace, Aeshma suggéra d'envoyer Ishtar et Enyo. Ishtar était très jeune, elle passerait aisément pour la fille de l'un des deux bergers, Enyo avait de l'expérience, Aeshma lui faisait confiance et la jeune gladiatrice quand elle se montrait taciturne, arborait un air sauvage qu'accentuait son menton volontaire. Elle ferait elle-aussi l'affaire. Comme bergère et comme gladiatrice.

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant