Chapitre CIX : Ma sœur, Aeshma ; ma sœur, Shamiram

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La domina avait raison, Atalante avait laissé traîner les choses. Elle avait espéré qu'Aeshma trouvât une solution par elle-même,qu'elle surmontât sa colère, sa contrariété ou son malaise comme,depuis des années, elle y arrivait à chaque fois qu'elle décidait de s'isoler. Atalante avait attendu, espéré. Refusé de voir que cette fois-ci Aeshma avait besoin d'aide, comme elle en avait eu besoin après être revenue du Grand Domaine. Gaïa était partie dîner avec sa sœur. Des pas résonnèrent sur la plate-forme.

Caïus.

— Je t'ai apporté à manger, lui dit simplement l'auctoratus.

Il posa un bol de gruau, des dattes, une grenade fraîche et un morceau de fromage devant la meliora.

Le jeune auctoratus avait toujours préféré Atalante aux autres rétiaires de la familia. Elle avait plus concouru à faire de lui un gladiateur acceptable que n'importe qui d'autre. Atalante se montrait aussi moins dure que les autres meliores. Si on s'entraînait avec sérieux, si on désirait apprendre, elle n'écrasait pas de sa morgue ceux dont l'étoile ne brillerait jamais du même éclat que la sienne sur le sable. Caïus était médiocre. Un peu meilleur que ne l'avait été Velox. Mais Velox s'était efforcé de gagner l'estime d'Atalante, surtout depuis qu'il s'était dressée contre elle, Astarté, Aeshma et Marpessa dans la bagarre générale qui avait précédé le munus de Patara deux ans auparavant. Caïus, lui, avait durement travaillé, il se montrait bon camarade et ne rechignait jamais à s'améliorer. Il lui restait deux ans à tirer. À survivre. Pour l'instant, il devait une bonne partie de sa survie à la grande rétiaire. Ister était bien meilleur que lui, mais Atalante ne lui dispensait plus depuis longtemps le moindre conseil. Elle le méprisait, et elle ignorait Ametystus de Pergame.

Atalante le remercia, Caïus était un gentil garçon. Elle s'était parfois demandé ce qui l'avait incité à signer un contrat d'auctoratus. Certainement pas l'amour du sang ni celui de la gloire. Des dettes. Il ne semblait pourtant pas spécialement joueur. Une histoire qu'Atalante ne saurait jamais. Caïus ne s'était confié à personne.

Elle mangea avec appétit le gruau, les dattes et le fromage. Elle réserva la grenade pour la fin de son repas. Elle glissa un peu en avant sur ses fesses et étendit les jambes. Les dernières lueurs du crépuscule éclairaient l'horizon, les étoiles brillaient aussi lumineuses et nombreuses que dans le désert. Le vent ne soufflait pas trop froid, pourtant Atalante resserra les plis de sa paenula contre elle. Elle ouvrit la grenade à deux mains et se mit à l'égrainer lentement. Une variété acide. Elle grimaça. Certains ne juraient que par les grenades douces. Atalante aimait toutes les grenades, de la plus acide à la plus sucrée. Un plaisir de son enfance. Les dattes fraîches, les truffes grillées et les grenades. Elle bascula la tête en arrière. Elle irait voir Aeshma après avoir fini sa grenade.

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La jeune Parthe en décida autrement. Ishtar, Enyo ou Gallus lui apportaient ses repas à tour de rôle. Présente ou pas parmi eux, elle était toujours leur meliora et personne ne s'occuperait mieux d'elle qu'eux. Parce que surtout, à leur grande surprise, Marcia et Atalante avaient passé la main. Personne ne moufta quand elle traversa le pont. Ceux qui se trouvaient sur son chemin, s'écartèrent. Astarté fronça les sourcils :

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant