Marcia arrivait aux limites de sa résistance. Elle n'avait pas encore perdu le rythme, elle contrôlait encore son souffle, mais si Atalante accélérait soudainement et fonçait, elle n'était pas sûre de pouvoir encore une fois la suivre. Caïus courait à ses côtés et partageait ses angoisses. Gallus soufflait, Ister menaçait d'exploser. Atalante le serrait de près et elle le talochait dès qu'il ralentissait. Galini résistait. Diodoros aussi. Les novices, excepté une fille répondant au prénom de Sara, avaient décroché depuis longtemps. Marpessa avait été chargée de veiller à ce que personne ne restât en arrière. Une tâche ingrate qu'elle partageait avec Velox le bien nommé. Ils étaient armés de baguettes souples et cinglaient les mollets et les épaules des traînards. Jambes et dos étaient striés de marques rouges. Les novices participaient à leur première grande course.
Le matin, ils avaient été heureux d'être confiés sur ordre d'Herennius à la grande rétiaire. La meliora bénéficiait d'une heureuse réputation parmi les novices. Elle se montrait exigeante, mais beaucoup moins brutale qu'Ajax, Euryale, Sabina ou Xantha. Être délivrés du regard attentif des deux doctors, leur paraissait aussi placer la journée sous d'heureux auspices. Tout à leur joie, ils ne remarquèrent pas les visages beaucoup moins enthousiastes des gladiateurs qui avaient eux aussi été confiés à la meliora : Caïus, Ister, Diodoros, Gallus et Marcia. La nomination de Marpessa et de Velox comme assesseurs de la grande rétiaire, les avaient encore plus inquiétés. Seule Galini n'avait pas exprimé de contrariété. Elle avait enfin récupéré sa condition physique et elle aimait courir. Courir dans la nature, sauter par-dessus les pierres, les ravines, les ruisseaux, traverser les broussailles, les bois, les rivières, dévaler les pentes douces des collines, celles escarpées des reliefs plus abrupts. Galini savait qu'Atalante allait les entraîner dans une longue course à travers la campagne et elle s'en était réjouie d'avance. Ils ne courraient peut-être pas au début de la journée, mais ensuite, quand ils auraient tous sué sur des exercices physiques. De la musculation, des exercices de frappes répétés à l'infini, des assouplissements et pour finir en apothéose, la course.
Après un déjeuner frugal, Herennius les avaient rassemblés et leur avait répété consignes et mises en garde. Quatre gardes montés à cheval assureraient l'encadrement et la sécurité du groupe.
Atalante avait d'abord emmené ses coureurs tranquillement, pour peu à peu accélérer le rythme. Ils avaient parcouru des milles pendant des heures. En moins d'un an, la grande rétiaire s'était familiarisée avec le pays. À croire qu'elle le parcourait chaque jour pendant des heures. Elle ménageait des pauses à des points d'eau. Les gardes transportaient des sacs de fruits secs. Une poignée à chaque gladiateur, à chaque novice, et ils repartaient non sans avoir rempli les petites gourdes qu'ils portaient accrochées à leur ceinture. L'eau était saine, ils pouvaient la consommer. Atalante avait vérifié.
Les murs du ludus.
— Marcia ! Caïus ! claqua soudain la voix d'Atalante
Elle s'était laissée dépasser par les autres pour se glisser à leur hauteur. Les deux jeunes gladiateurs allongèrent leur foulée.
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Le sable rouge
Ficción histórica78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir. Mai...