Chapitre LI : Quelqu'un sur qui compter

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Aeshma pesait de toute la force de ses bras sur la paume de ses mains. Elle les frottait doucement contre les arêtes vives des rochers. Elle se repaissait du bruit du ressac. Elle humait l'air avec délice. Il n'était imprégné que d'iode, mais allongée sur le sol rocheux, Aeshma y distinguait quand même l'odeur minérale de la terre. La terre. Enfin. Elle posa son bras sur ses yeux pour les protéger de la vive luminosité du soleil.

— Aeshma, l'interpella doucement Gaïa. Tu vas bien ?

La jeune gladiatrice tourna la tête vers elle et grogna en signe d'acquiescement.

— Mes leçons t'ont profité, sourit Gaïa. Tu n'as pas eu peur.

Aeshma fronça les sourcils.

— Tu as bien nagé, corrigea Gaïa. Heureusement parce qu'il ne reste rien de notre lembos.

Aeshma s'assit et Gaïa l'imita, elles se retrouvèrent épaule contre épaule. Gaïa se retint de prendre la jeune Parthe dans ses bras. Leur odyssée venait de prendre fin et elles étaient en vie.

— Et maintenant, domina ? Vous savez où nous sommes ?

Leur odyssée sur la mer venait de prendre fin. Merci à Aeshma de lui rappeler qu'elles n'étaient pas encore au bout de leurs peines. Elle n'avait repéré aucun port sur la côte. Pas de bateaux. Un paysage désertique. Mais des montagnes plus à l'Ouest. Des montagnes vertes.

— Je pense que nous sommes en Cyrénaïque.

Je n'ai pas vu d'habitations avant de sauter.

Moi, non plus, mais la côte est habitée et les villes ne sont pas très éloignées les unes des autres.

Suffit d'aller dans le bon sens...

Oui, c'est vrai. Mais si on trouve la route, elle sera fréquentée.

Mais il nous faudra quand même marcher.

On pourrait se faire accepter sur un chariot, suggéra Gaïa.

Je ne veux pas vous offenser, domina, mais...

Mais ?

Ben...

Aeshma dévisagea Gaïa d'un air entendu. Elle promena son regard sur le corps de la jeune domina, insista sur sa poitrine, sur ses jambes et sur ses pieds. Gaïa s'examina, puis retourna son inspection sur la petite thrace.

Personne ne les prendrait jamais. Elles ressemblaient à... à rien du tout. À des mendiantes, à des brigands, à des esclaves fugitives. Aeshma avait le teint buriné, les lèvres gercées et les mains calleuses. On avait l'impression qu'elle avait passé toute sa vie pieds nus et elle ne portait plus ses caligaes qu'elle avait abandonnées sur le lembos. Sa tunique était clairement celle d'un homme et empestait le sel. Ses cheveux lui donnaient l'air d'une folle. Seule la ceinture qu'elle portait bouclée sur sa tunique dénotait d'une certaine richesse et si quelqu'un s'attardait dessus, il penserait que sa propriétaire actuelle l'avait dérobée à quelque personne fortunée. À un homme. Aeshma portait une ceinture de gladiateur.

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant