Chapitre XX : Le tétradrachme

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Un poing au sternum

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Un poing au sternum. L'homme se plia en deux et puis, un coude jaillit. Violent. Précis. Un craquement, un râle, une chute. Du sang. Un juron.

Merde, Aeshma, tu m'as brisé le nez.

Un rictus.

Ta garde est pourrie, fut la seule excuse que Diodoros obtint.

Herennius fronça les sourcils. La petite thrace n'avait pas tort, mais c'était la troisième personne qu'elle abîmait aujourd'hui.

Depuis cinq jours, elle se montrait particulièrement brutale et il avait plusieurs fois dû la mettre en garde. Deux jours auparavant, elle avait massacré Sabina. En dehors des temps d'entraînement, en plein repas, alors que Téos et Herennius n'étaient pas présents, bien évidemment. Elle avait mérité les verges, mais le doctor y avait renoncé. Elle fut juste condamnée à prendre ses repas seule, à dormir enchaînée et à être privée des petits plus qui adoucissaient la vie des gladiateurs : jeux, plaisirs de bouche, vin s'il y en avait.

Aeshma n'était pas restée très tranquille durant les dix jours qu'elle avait passés hors de la familia. Les onze jours.

Le matin du dimanche où elle et Atalante devaient revenir à Patara, Julia Metella Valeria avait fait parvenir un message à Téos, lui apprenant dans des termes respectueux, mais fermes, que les deux gladiatrices ne rentreraient que le lundi. La domina racontait que les deux jeunes femmes l'avaient aidée à chasser des loups de ses domaines et qu'elles méritaient une journée de repos. Téos avait pesté, mais le messager lui avait tendu une bourse bien remplie en déclarant que la domina espérait que cela rachetât ce petit contre-temps. Téos avait dénoué les cordons, versé le contenu de la bourse sur la table et ravalé ses protestations. Il attendrait encore un jour.

Il désirait quitter Patara et remonter en Asie. Il avait décroché un contrat pour septembre à Aphrodisias et il faisait bien trop chaud dans la capitale de la Lycie-Pamphylie. Il y reviendrait en octobre. Le procurateur de Lycie, Aulus Flavius, l'avait engagé pour le munus qu'il comptait donner à l'occasion des Meditrinalias en l'honneur de Jupiter. Une fête qui célébrait la fin des vendanges, typiquement romaine. Une fête qui donnait souvent lieu à des beuveries, sous prétexte que le vin nouveau mélangé à celui de l'année précédente possédait des vertus curatives.

Sept jours de jeux, tous ses gladiateurs engagés, les hommes comme les femmes. Le contrat à Aphrodisias était moins intéressant, vingt gladiateurs et seulement deux paires de gladiatrices, mais il lui permettrait de lancer pour la première fois dans l'arène quelques novices en ce qui concernaient les hommes. Pour les femmes, il verrait sur place qui il ferait combattre. Peut-être appairerait-il une paire de secutors et une paire composée d'une mirmillon et d'une rétiaire. Une paire en forme de test et une paire plus aguerrie. Les spectateurs aimaient les femmes-rétiaires. Il ferait combattre Margarita ou Atalante. C'était de loin les deux meilleures. Le munus lui offrait toutes sortes d'opportunités et le voyage à pied servirait à l'entraînement de ses gladiateurs. C'était pourquoi, il avait accepté l'engagement du munéraire d'Aphrodisias sans trop discuter les prix.

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