78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir.
Mai...
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Marcia assura à Gaïa qu'elle pouvait compter sur le dévouement des gladiateurs.
— Aucun d'entre eux n'a envie de se retrouver aux mains des pirates. On ne peut pas tirer de rançon d'un gladiateur. Même des auctoratus. En général, leurs familles n'ont pas d'argent et si elles en ont, elles ne veulent plus rien avoir affaire avec eux.
— Ils pourraient être attirés par une vie de pirate.
— Bof, je ne suis pas sûre. Tu crois que les pirates voudront d'eux ?
— Ils sont disciplinés et ce sont de bons combattants.
— Les auctoratus ne seront pas intéressés.
— Et les autres ? Les esclaves ?
Marcia fronça les sourcils et se retourna vers ses camarades. Il n'y avait pas de condamnés parmi eux. Certains étaient des fils ou des filles d'esclaves, d'autres avaient grandi libres avant d'avoir été pris ou enlevés. Céderaient-ils à l'appel d'une possible vie de mercenaire ou de brigand ? À la perspective de se libérer de leurs chaînes ? Ils risquaient la croix s'ils étaient repris. Serait-ce suffisant pour qu'ils ne saisissent pas l'opportunité de recouvrir leur liberté ? Était-on vraiment libre quand on était pirate ? Riche ? Admiré ? Si les auctoratus se rangeaient aux côtés de l'équipage, les autres seraient-ils prêts à les affronter sans remords ? À traiter Chloé, Métrios et les valets comme des prisonniers ? À les battre, à les violer ou à les égorger. Ils n'hésiteraient pas à tuer Tidutanus et ses gardes, mais éprouveraient-ils la même facilité avec les autres ? Avec les femmes de leurs camarades ? Qu'en aurait pensé Astarté ? Pourquoi n'était-elle pas là ? Quelle décision prendraient Aeshma et Atalante ?
Elles se rangeraient du côté de Gaïa. Elles n'étaient pas assez mesquines pour l'abandonner à son sort, ni pour se dresser contre Marcia. Elles les soutiendraient. Mais penseraient-elles qu'on pût faire confiance aux gladiateurs ? Leur confieraient-elles des armes ?
— Marcia ? la pressa Gaïa.
— Je ne sais pas, Gaïa. Je sais pour les auctoratus, pour les gardes, je sais aussi que tu peux faire confiance à Atalante et Aeshma, je crois aussi, à Piscès, à Galus et à Galini. Je ne pense pas que les gladiatrices aient quelque chose à gagner si elles choisissaient de suivre les pirates. Elles ont accepté d'être gladiatrices pour échapper à leur condition de femmes, ce qu'elles redeviendront, une fois aux mains des pirates, mais pour les autres ? Je ne saurais pas me prononcer. Je ne les connais pas assez bien.
— Et ton responsable ?
— Tidutanus ? Si tu veux distribuer des armes aux gladiateurs, il refusera. Il a trop peur de Téos et il ne fait pas assez confiance aux gladiateurs pour prendre le risque de les armer.
