78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir.
Mai...
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Gaïa se servit un gobelet de vin et se laissa aller sur le dossier de son fauteuil. Titus était si naïf. Il n'avait pas soupçonné un instant qu'elle le connaissait. Elle avait feint d'ignorer les égards dont l'avaient entourée le personnel des bains. Elle s'était seulement étonnée qu'il fut si bien servi et elle avait ri quand il lui avait affirmé que quelques deniers d'argent et un ou deux aureus distribués à bon escient, faisaient, aux yeux de ceux qui les recevaient, de tout homme d'obscure naissance l'égal d'un prince.
Titus s'était étrangement montré charmant durant le bain. Elle s'était attendue à tout, sauf à passer une après midi tranquille à discuter de l'Orient et de l'Égypte, de littérature et de philosophie. Titus était instruit et contre toute attente, Gaïa avait pris plaisir à bavarder en sa compagnie. Où se cachait le débauché ? Le préfet cruel qui abusait de son autorité ? L'amoureux qui courait tous les gibiers que sa position mettait à sa disposition ? Comment un homme à la si sinistre réputation pouvait-il se montrer si sage, si pondéré dans ses paroles, si humble et si clairvoyant ? Elle secoua la tête, incapable de trouver une réponse à ses interrogations.
Elle le sut le lendemain.
Titus lui avait proposé de rencontrer l'intendant de la maison de Vespasien. Il lui avait assuré que c'était un ami. Elle se leva très tôt le matin et s'apprêta avec soin. Équilibrant dans sa mise le style romain et oriental, comme elle l'avait fait le jour précédent, sachant que, même inconsciemment, l'homme, amoureux d'une reine juive depuis plus de dix ans, y serait sensible. Son intention n'était pas de séduire aujourd'hui, mais de donner une image qui servirait à son commerce. De s'imposer, d'impressionner. Elle serait introduite dans l'entourage immédiat de l'Empereur. Celui-ci était malade et elle en profiterait pour vanter une médecine miraculeuse réputée guérir le mal dont il souffrait. Les rumeurs couraient que l'Empereur faiblissait un peu plus chaque jour et qu'il ne n'échapperait pas à la mort. Gaïa voulait s'en assurer et pourquoi pas l'aider à rejoindre au plus vite ses ancêtres.
Titus lui avait promis de lui envoyer une litière. Le Prince de la jeunesse n'avait pas lésiné sur le luxe. La litière se présenta à la villa que louait Gaïa à la deuxième heure. Quatre Nubiens au corps huilé portaient une magnifique litière en bois doré, fermée par des rideaux de soie. Une escorte de dix hommes encadrait la litière. Des prétoriens en uniforme d'apparat. La maison de Gaïa en resta bouche-bée. Le centurion qui commandait l'escorte salua aimablement la jeune femme et lui transmit les salutations de Titus.
— Titus ?
— Oui, le Prince de la jeunesse.
— Mais, je ne le connais pas, s'étonna Gaïa.
— Il vous a pourtant promis cette litière.
— Quand ?
— Hier. Le Prince nous a dit vous avoir rencontrée dans les jardins.