Chapitre XCIX : Coup de théâtre

103 11 5
                                    

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Elle ne savait pas. Elle ne comprenait pas. Son monde depuis des années s'était résumé à son ludus, à son laniste, à son doctor, aux masseurs, à Atticus, à ses camarades. Sa vie avait été réglée par la discipline, les entraînements, les combats, les victoires, le sang et la douleur. Elle s'y était mue avec aisance. Elle y tenait sa place. Une place de meliora, respectée, crainte, peut-être aimée. Peut-être. Peut-être pas. Sûrement.

Découvrir qu'elle aimait les autres n'avait pas été la seule conséquence de son retour à un statut de marchandise échangeable. Elle avait aussi découvert que les autres l'aimaient. Elle avait su pour Marcia, parce qu'il lui avait été difficile d'ignorer les sentiments qui les avaient jetées l'une contre l'autre. Il y avait eu d'autres gladiateurs avant la jeune fille, des dizaines de gladiateurs, mais elle n'avait jamais pensé les aimer et elle avait toujours cru que leurs sentiments ne dépassaient pas le coup de cœur, le désir ou le besoin égoïste d'être protégée et de se sentir aimée. Rien de sérieux. Peut-être n'avait-elle pas eu tort. Souvent. Pas toujours. Sa vie venait de prendre un nouveau tournant. Elle venait d'acquérir un nouveau statut, de nouvelles responsabilités. Et tout menaçait , encore une fois, de s'effondrer.

L'histoire s'était emballée depuis qu'elle avait quitté le ludus. Aeshma et Atalante, déjà très proches l'une de l'autre avant son départ, avaient bâti une relation qu'elle n'aurait jamais cru possible, particulièrement si elle impliquait la petite thrace. Marcia avait incroyablement mûrie. Penthésilée et Lysippé affichaient une amitié sincère. Tidutanus et Herennius s'étaient retournés contre Téos.

Sur chaque histoire, sur chaque événement, l'ombre des dominas planaient. Elles étaient inextricablement liées à Marcia, à Aeshma, à Atalante, à elle, et à tous ceux impliqués d'une façon ou d'une autre dans leur vie. Et elle ne comprenait pas pourquoi, comment, et jusqu'à quel point. Elle ne connaissait rien des relations que Marcia entretenait avec Julia Metella, mais elle connaissait la jeune fille. Marcia aimait Julia Metella. Quant à Gaïa Metella, même si elle ne comprenait pas vraiment pourquoi, elle était prête à mettre sa vie en danger, à ruiner sa réputation et son honneur, à tout risquer, pour soustraire Atalante à une orgie, somme toute banale, ou pour la sauver elle, Astarté, d'une ignominieuse condamnation qu'elle méritait pourtant. L'amitié qu'elle vouait à Aeshma ne pouvait être une raison suffisante. Si ? Comment était-ce possible ? Passons. Ce que n'oublierait jamais Astarté, c'était que les dominas avaient soutenu Marcia quand elle avait voulu pardonner le meurtre de son père à ses camarades. Les deux dominas avaient œuvré pour obtenir la vérité, la justice et pour assurer un avenir à la jeune fille.

Et maintenant ?

Elle s'arrêta un instant devant la porte du ludus Aemilius. Qui pouvait l'aider à part ses camarades ? Qui pouvait comprendre ? Qui serait à même de lui donner des conseils, des idées ? La domina, en revenant du palais impérial, écumait d'une rage impuissante et dévastatrice. Néria avait vidé la villa en catastrophe, du moins ce que Gaïa Metella n'avait pas déjà détruit. Antiochus avait sagement attendu que les forces de la domina déclinassent. Il lui avait offert à boire et elle avait peu après sombré dans un lourd sommeil. Il avait avoué l'avoir droguée. Il avait pleuré en la berçant tandis qu'elle glissait peu à peu vers l'inconscience.

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant