78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir.
Mai...
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L'air du soir était doux, presque trop si le vent ne s'était pas lui aussi invité au banquet du propréteur. Il soufflait doucement, par intermittence, balayant les allées du jardin, bousculant des pétales de roses oubliées par les jardiniers, des feuilles desséchées par la chaleur du jour, animant la ramure légère des oliviers, les fleurs des lauriers roses, les tentures ouvertes accrochées sur le pourtour du péristyle à l'intérieur duquel était aménagé l'immense triclinium d'apparat de la villa de Sextus Baebius Constans. Celle-ci se dressait sur les flancs d'une colline au nord-est de Patara. Le propréteur possédait un petit palais de fonction au sein de la ville, mais il préférait la villa hors-les-murs, plus grande, plus calme, plus isolée, entourée d'oliveraies dont l'huile était célébrée dans toute la province.
Possessions impériales, le palais, la villa et les terres qui y étaient rattachées, se trouvaient mis à la disposition du propréteur qui les gérait comme bon lui semblait. S'il ne s'en occupait guère, les intendants en place avant son arrivée continuaient à gérer le domaine. Celui-ci s'étendait bien au-delà des oliveraies. On cultivait des pois-chiches, des lentilles et de l'épeautre dans des petits champs bordés par des murets, ou sur des terrasses patiemment aménagées sur les pentes des petites collines. Depuis que Claude avait annexé la Lycie à l'Empire, on avait planté des pieds de vignes, et des raisins noirs et juteux pendaient de plus en plus nombreux au fil des années. Le propréteur rêvait de produire du vin et il avait demandé à Anémios, son secrétaire particulier, de recruter du personnel qualifié. Esclaves, affranchis ou hommes libres, peu lui importait. Anémios avait promis de s'en occuper.
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Les convives avaient été reçus, bien avant le coucher du soleil, dans un triclinium richement décoré. Le personnel de la maison avait travaillé à son aménagement toute la journée, tandis qu'aux cuisines se préparait fébrilement le repas du soir.
Une centaine de personnes étaient attendues et Sextus, comme Fausta, ne toléreraient aucune faute de goût. La réception se voulait somptueuse, même si Sextus voulait lui garder un certain air de familiarité. Il ne voulait pas seulement se montrer généreux et fastueux, il désirait que ses invités se sentissent chez eux, en sécurité, accueillis chaleureusement comme quand on est reçu chez l'un de ses proches. Impressionner, sans intimider. Provoquer l'admiration, sans éveiller l'envie. Plaire et s'imposer comme le maître, l'homme de l'Empereur.
Primus et Marcus, les deux enfants du propréteur avaient, comme on le leur avait appris, salué avec déférence les invités de marque et récité un petit compliment qu'ils avaient répété l'après-midi avec leur précepteur à toutes les femmes présentes. Un compliment particulier pour chacune d'entre elles, préparé selon une liste fourni par Fausta. Le précepteur n'avait pas omis de préparer une dizaine d'autres compliments destinés aux invitées surprises et aux hôtes prestigieux. Les enfants ne commirent pas d'erreur et leur précepteur souriait, ravi de leur prestation. Ils prirent ensuite congé de leur mère, puis de leur père. Le crépuscule lançait ses derniers feux. Ils regagnèrent leurs appartements situés loin du jardin, hors de portée de leur vue et de leurs oreilles. La soirée allait commencer et la présence des enfants n'étaient pas souhaitable.