Chapitre LXI : Entre les mains des soigneurs

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Le ludus de Sidé. Son école, sa caserne, sa prison, sa maison.

Un ancien domaine agricole entouré de vergers. Figuiers, pruniers, grenadiers, pommiers, poiriers et des milliers d'oliviers. Téos avait engagé des ouvriers agricoles qui soignaient les arbres et récoltaient les fruits. Ils nourrissaient la familia et le laniste vendait certainement les surplus sur les marchés. Aeshma n'en savait rien. Les champs étaient en friche. Ils n'avaient pas été ensemencés au printemps ou au début de l'été. Des herbes folles poussaient en touffes et les ronces déjà, rampaient sur le sol.

La route était large et bien entretenue. Bordée d'arbres, elle offrait une belle perspective sur l'immense villa qui accueillait aujourd'hui le ludus de Téos. De loin, le visiteur distinguait les hauts murs ocres, la porte monumentale, le guichet où il devrait se faire reconnaître pour obtenir son droit d'entrer. De rentrer.

Mais Aeshma n'eût pas à se justifier comme elle avait été obligée de le faire au ludus municipal de Patara, quand elle était revenue de Myra avec Astarté. Elle n'eût même pas à frapper à la porte du ludus. Celle-ci l'attendait, grande ouverte, et le garde posté à l'entrée était l'un des deux seuls gardes, en sus de Tidutanus, qui avait survécu à l'abordage de l'ArtémisiaPas un étranger pour qui Aeshma ne représentait rien.

Quand la jeune gladiatrice arriva à un demi-mille du ludus, il sut qui elle était. Ce ne pouvait être qu'elle. Cette femme en tunique d'homme, serrée à la taille par une large ceinture de cuir. Ce pas ferme et souple de gladiateur.

Il resta un instant médusé. Vivante, elle était vivante et elle était revenue.

Une bordée de jurons lui échappa, il courut vers elle. S'arrêta. Tourna les talons. Leva les bras au ciel, prêt à débouler comme un boulet d'onagre dans la cour d'entraînement du ludus et à hurler qu'elle était là, qu'elle était revenue, qu'elle était vivante, que c'était elle, que Neptune l'avait épargnée, qu'Éole dans sa grande clémence, l'avait poussée de son souffle jusqu'à Sidé. Il s'arrêta une nouvelle fois. Tourna à gauche, à droite. Et puis, il oublia son devoir, sa place, qu'il était un homme libre, qu'elle était une esclave, qu'elle s'était compromise dans la gladiature, qu'elle n'avait jamais particulièrement aimé les gardes et qu'elle ne frayait que très rarement avec eux.

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Aeshma n'avait pas mis beaucoup de temps à rejoindre le ludus. Elle avait évité la ville, les faubourgs et elle n'avait pas été inquiétée par la milice ou par qui que soit. Elle s'était concentrée sur son pas. Elle combattait une certaine fébrilité. Elle aurait aimé que personne ne remarquât son retour. Elle fronça les sourcils. Un type courait dans sa direction. Elle n'arrivait pas à savoir qui c'était. Un garde ? Qu'est-ce qu'il foutait ? Il avait l'air d'un fou. Elle s'arrêta quand il ne fut plus qu'à une vingtaine de pieds d'elle. Il ne s'arrêta pas. Il lui rentra dedans et la serra follement dans ses bras en balbutiant des phrases incohérentes :

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant