Chapitre XCIII : Le combat des thraces

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La dernière semaine des jeux offerts par Titus pour l'inauguration de l'amphithéâtre Flavien arriva. Marcia rongeait son frein. Blessée, elle ne pourrait jamais retourner à Subure avant la fin officielle des jeux et son humeur s'en ressentait. Mais elle eut d'autres sujets d'inquiétude ou de fierté auxquels penser.

Les gladiatrices couvrirent, une fois de plus, le ludus de gloire. Une gloire qui échue tout d'abord aux filles engagées le quatrième jour avant la fin des célébrations.

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Enyo reçut les félicitations bougonnes d'Aeshma qui l'obligea pendant ses soins à lui raconter dans les détails son affrontement avec la mirmillon d'Alexandrie.

 Sans vantardises, sans fioritures inutiles et sans mensonges ni omissions, exigea la meliora. Et d'abord, tu vas m'expliquer comment tu as pu te laisser découper comme un morceau de lard.

Mais deux soirs après, alors que la familia fêtait les vainqueurs, Aeshma leva son gobelet en direction de la jeune thrace. Enyo la connaissait assez pour apprécier comme elle le devait ce discret hommage. Il n'échappa pas à Sabina qui réclama les mêmes félicitations que la jeune thrace. Aeshma leva les yeux au ciel d'exaspération, mais un sourire indulgent et heureux releva le coin de ses lèvres. Sabina hurla de joie et célébra le palus du sanglier au travers d'un poème épique qui rappela aux orientaux leurs terres natales. Ishtar qui avait grandi sur les rives du lac de Galilée, mêla bientôt sa voix à la sienne. Anémios venu d'on ne savait trop où, se joignit aux deux gladiatrices. Même s'il n'avait aucune idée de ce que pouvait être ce palus du sanglier, il saisit l'idée d'un palus mythique réservé à des gladiatrices de légende, placé sous la protection d'un dieu celte. Il n'avait jamais vu de sangliers et ses vers décrivirent une bête monstrueuse dotée d'une force colossale, de griffes d'airain. Une bête qui crachait du feu et volait aussi haut que les grands oiseaux qui traversaient le ciel de son enfance deux fois par an. Plus tard, dans la nuit, Germanus lui souffla qu'il lui faudrait admirer le corps d'Aeshma le surlendemain. Anémios en resta bouche bée. Germanus fut pris d'un incontrôlable fou rire et interpella Aeshma qui se tenait de l'autre côté de la table.

 Aeshma ! Ton corps de rêve laisse Anémios sans voix !

La Parthe lança un regard noir au pauvre Anémios, ce qui déclencha l'hilarité définitive de Germanus. Gallus vint au secours du pauvre gladiateur.

 Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

 Que je devrais admirer le corps d'Aeshma dans deux jours.

 Pourquoi ?

 Je ne sais pas, il disait que je ne connaissais pas les sangliers. Ce sont des parasites ?

 Non, s'esclaffa à son tour Gallus. Ça ressemble un peu au porc, en plus sauvage, plus poilu et nettement plus dangereux. Germanus avait peint un sanglier sur le dos d'Aeshma pour l'amazonachie. Je crois qu'il a prévu de lui en peindre un nouveau après-demain.

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant