Chapitre CXLIV : Six amants, trois arrangements

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Le soleil déclinait lentement, ses rayons rasaient les toitures et donnaient aux tuiles une improbable couleur rosée. Le silence de la cour d'entraînement désertée n'était troublé que par le va et vient des râteaux qui égalisaient le sol de terre battue, brisaient les mottes formées par un agglomérat de sueur, de sang et de poussière. Les cailloux étaient soigneusement ramassés et déposés dans un sceau.

Gaïa s'appuya contre l'un des piliers du péristyle. Elle en avait eu assez d'attendre. Découvrir qu'Aeshma avait prévu de se lancer à la recherche de Sabina, l'avait contrariée. Par pour l'idée en elle-même, ce genre d'initiative renforçait plutôt son estime envers la jeune Parthe, mais parce qu'Aeshma ne lui en avait pas parlé. Elle l'aurait fait un jour ou l'autre, Gaïa en était parfaitement consciente, mais elle aurait attendu le dernier moment.

Aeshma ne partirait plus sur les routes pour Sabina. Que déciderait-elle ? Gaïa voulait savoir. Elle était aussi concernée qu'elle et puis, la gladiatrice lui manquait. Vivre seule à Sidé, loin d'elle, loin de Julia, l'énervait.

Elle regarda les deux gladiatrices s'activer. Aeshma portait un pagne et un strophium. D'où elle se tenait, Gaïa distinguait parfaitement les marques rouges sur le haut de ses épaules. Astarté avait échappé aux verges. Julia les avaient consignées ensemble. Une décision si conforme au caractère de sa sœur, à la manière qu'elle avait de régler les conflits. Une condamnation en forme de leçon pour les deux gladiatrices : cinq jours à vivre ensemble, à travailler ensemble et à dormir ensemble. À s'acquitter de tâches aussi peu ragoûtantes que celle de l'entretien des latrines.

Elle recula dans l'ombre du péristyle. Aeshma venait de rouler les épaules. Astarté s'arrêta tout de suite de ratisser.

— Tu as mal ?

— Pff...

— Tu as faim ?

— Ouais.

— Le dîner va être moyen.

— Ouais.

Du pain sordide et un gruau de millet sans assaisonnement, accompagnés d'un pichet de la plus infecte des poscas.

— Tu n'aurais pas dû être punie, déclara Aeshma.

— Je suis ta punition, ricana Astarté. Tu vas devoir me supporter cinq jours !

— Ouais, je sais, sourit Aeshma en coin. Mais tu en pâtis quand même.

— Ouais, je compatis ! plaisanta Astarté.

— T'es con.

— Si Julia n'était pas arrivée, je t'aurais cassé la gueule. Une gifle, Aeshma ? Vraiment ?

— ...

— Bah, je te pardonne. J'étais furieuse quand j'ai su pour Sabina. Plus encore quand je l'ai retrouvée. Et alors, quand en plus, j'ai su que...

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant