Chapitre CXXX : Les lanistes

102 10 4
                                    

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


La pièce était fraîche. Ou peut-être juste son corps. Frais et chaud en même temps. Une sensation désagréable. Comme sa langue pâteuse qui semblait avoir triplé de volume dans sa bouche. Un linge humide, imbibé d'eau de rose, posé sur ses yeux, avait dégonflé ses paupières et soulagé ses yeux séchés au soleil. Elle leva un bras, grimaça, mais n'arrêta pas son geste et retira le linge qui lui obstruait la vue. Elle ne reconnut pas l'endroit. Elle tourna la tête. Vit des banquettes de massage. Des murs entièrement peints sur trois niveaux. Les deux premiers présentaient des panneaux couleur cinabre, lisérés de noir et de jaune, le tout sur fond noir. De grandes fougères au premier niveau, de grands arbres au second, stylisés, jaunes et élégants, séparaient chaque panneau. Le troisième niveau était plus sobre, des formes géométriques très simples habillaient un fond rose pâle qui illuminait la pièce. Il y faisait frais. Le sol était pavé de marbre noir et blanc. Quelques part derrière elle, chantait une fontaine.

Les thermes.

L'accès en était restreint et les gladiateurs ne s'y rendaient jamais. Que lui valait ce privilège ?

— Saucia ! appela Chloé. Elle est réveillée.

Ah ! Évidemment, Saucia.

Aeshma s'assit. Les linges dont elle était recouverte tombèrent sur ses cuisses. Voilà d'où venait la sensation de fraîcheur.

— J'ai soif, coassa-t-elle d'une voix cassée.

Chloé lui tendit immédiatement un gobelet. Aeshma en sentit le contenu. Elle goûta.

— On ne risque pas de t'empoisonner ! déclara Saucia.

La boisson était...

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Aeshma

— De l'eau avec beaucoup de sel.

— Ce n'est pas très bon, grimaça Aeshma.

— Si tu bois ça, je te donnerai à boire quelque chose de meilleur, lui promit Saucia. Tu te sens assez vaillante pour un bain ?

Aeshma lui lança un regard offensé. Saucia croisa les bras et secoua la tête.

— Invincible, hein ?

— Non.

— Oh ! Modeste ? sourit la masseuse.

— Arrête, Saucia, ronchonna Aeshma.

— Tu sais qu'on se presse pour prendre de tes nouvelles ? rétorqua Saucia d'un ton menaçant.

— Je ferai tout ce que tu voudras, dit précipitamment Aeshma.

Elle imaginait sans mal ses camarades inquiets. Atalante et Ajax passaient encore, mais Ishtar, Boudicca — Heureusement que celle-ci ne combattait pas sous l'armatura des thraces — et pire que tout, Marcia ? Sa jeune pupille était adorable, mais bien trop impétueuse et bavarde pour qu'Aeshma la supportât maintenant. Si elle s'écoutait, elle s'allongerait et ne bougerait plus jusqu'au lendemain matin. La faim, la soif ? Pour une fois, elle se passerait de les satisfaire. Enfin, elle s'en serait passé si Saucia n'avait pas été présente :

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant