78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir.
Mai...
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Atalante se réveilla en grimaçant. Elle dormait appuyée sur une épaule meurtrie et la douleur l'avait sortie de son sommeil. Un silence complet régnait dans la cellule. Pas de souffle régulier, de respiration sonore, de paroles murmurées ou de gémissements. Tous ces petits bruits familiers qui habitaient ses nuits depuis trois mois qu'elle partageait sa cellule avec Aeshma et Marcia.
Après un entraînement particulièrement dur et après chaque venatio, Marcia ronflait. Plutôt fort. Aeshma la taquinait parfois à ce sujet, mais elle n'était pas très différente de la jeune bestiaire. Plus discrète pourtant. Les deux parlaient aussi de temps en temps dans leur sommeil. Atalante ne comprenait jamais ce que disait Aeshma. Contrairement à Marcia, elle ne s'exprimait ni en latin ni en grec. Son enfance profitait de ses rêves pour se rappeler à elle.
Quand le sommeil la fuyait ou qu'elle se réveillait au milieu de la nuit, Atalante aimait sentir leur présence. Entendre, comme c'était d'ailleurs le plus souvent le cas, leurs souffles réguliers et paisibles.
Elle aimait la solitude. C'était une compagne de très longue date qu'il lui semblait avoir toujours connue. Les chèvres ne remplaçaient pas des humains. Elles étaient douces ou amusantes, mais Atalante en était responsable. Quand elle rentrait au campement, elle partageait ses responsabilités avec ceux de sa tribu et elle se sentait entourée et protégée. Et parce qu'Atalante connaissait et aimait la solitude, elle chérissait et appréciait à sa juste valeur la présence des autres. Particulièrement de ceux qu'elle aimait.
Elle se sentit affreusement seule. Marcia était partie dormir chez Gaïa Metella, et Aeshma... Qu'est-ce qui pouvait bien tourmenter Aeshma ? La tourmenter assez pour la détourner de Marcia ? Pour blesser, en toute connaissance de cause, la jeune fille ?
Atalante repoussa sa couverture. Décidée à faire parler sa camarade. C'était une tête de bois, mais elle passerait outre. Elle devait savoir. Tant pis, si elles finissaient en sang et compromettaient leur combat du surlendemain. Tant pis si Téos les accrochait dix jours à un palus et leur faisait subir les pires humiliations. Aeshma l'énervait. Les gardes la laisseraient la rejoindre sur les terrasses. Herennius leur avait certainement laissé des consignes.
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Atalante se figea. Aeshma n'était pas seule. Elle jura. À la carrure de la personne qui se tenait à ses côtés, elle identifia un homme. Un gladiateur, certainement. Un beau mâle que la Parthe avait repéré dans la cour ou dans le réfectoire, et qu'elle avait jugé apte à satisfaire ses besoins. Elle s'était montrée pourtant très sage à Rome. Atalante n'était même pas sûre qu'elle eût accordé une seule fois ses faveurs à quelqu'un depuis leur arrivée. Ou peut-être que si, au début. Le petit gladiateur ibère. De toute façon, cela n'avait aucune importance, les histoires d'Aeshma n'avaient jamais particulièrement passionné la grande rétiaire, du moins jusqu'à ce que la petite Parthe rencontrât Gaïa Metella. La domina n'était pas une passade, une simple étreinte vite oubliée. Aeshma l'aimait autant qu'elle avait aimé Daoud, sinon plus. Qu'elle en fut consciente ou pas ne changeait pas le problème. En attendant, Aeshma pouvait se détendre avec qui elle voulait, Atalante n'y trouvait rien à redire, d'autant plus si sa camarade se sentait mieux ensuite. Mais ce soir ? Merde !