Chapitre LVII : ... et mirages.

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Elles se retrouvèrent pour le dîner. Gaïa prévoyait de se rendre au port ensuite. La domina convia Aeshma sur la terrasse. Elle se montra silencieuse et morose. Et elle évita comme le matin, les regards de la jeune gladiatrice.

Aeshma mangea de bon appétit. Tout était toujours bon ici, même un plat aussi simple que des poireaux frits ou une salade, chatouillait agréablement ses papilles. Elle croyait qu'elle n'apprécierait plus jamais les olives de sa vie. Elle avait eu tort, celles qu'on servait à la table de Gaïa Metella étaient délicieuses. La chair comme l'huile aromatisée dans laquelle elles étaient conservées.

Elle décortiquait distraitement une grenade en observant Gaïa. La domina n'avait pratiquement rien mangé.

— Domina ?

Mmm ? fit Gaïa la tête baissée.

Rien.

Aeshma se leva, la grenade à la main. Elle s'avança vers le bord de la terrasse et continua à manger. La domina devait regretter de quitter Alexandrie. Ou peut-être appréhendait-elle de revoir sa sœur. Ou autre chose. Les meurtres ou les tentatives de meurtres. Elles n'en avaient jamais reparlé depuis qu'Aeshma avait dessiné le sceau de l'homme qu'elle avait tué. Aeshma était impatiente de rentrer. De revoir Marcia, Atalante, Astarté, ce bavard de Lucanus. Elle voulait savoir si Sabina s'en était bien sortie et si elle ne souffrait pas de séquelles. C'était beau ici. Tranquille. Se battre lui manquait, le danger aussi peut-être, mais, d'un autre côté, elle appréciait de ne pas avoir à se méfier, de ne pas craindre la faute, les verges, les réprimandes. D'être libre. Gaïa lui avait offert une parenthèse de liberté qui se prolongerait sur l'Artémisia.

— Aeshma ?

La gladiatrice dissimula un sourire. Voilà pourquoi il ne servait à rien de poser des questions. Si une personne voulait parler, se confier, avouer des fautes, elle viendrait d'elle-même. Que lui raconterait la domina ? Quel aveu tenait-elle à lui faire ? Sur cette terrasse. Le dernier soir qu'Aeshma passerait de sa vie à Alexandrie dans la ville de la domina ? Dans cette ville que Gaïa aimait tant. Aeshma comprenait mieux son cadeau maintenant. Le tétradrachme. Gaïa s'était montrée présomptueuse en le lui offrant, mais aussi généreuse. Elle lui avait offert une partie d'elle-même.

— Tu aimes cette ville ? lui demanda Gaïa.

Je ne sais pas trop, domina. Je ne la connais pas vraiment.

Je suis désolée, je ne t'ai pas emmenée avec moi. En fait, je craignais qu'on te regarde comme une bête de foire.

J'ai l'habitude, domina. Je suis gladiatrice. On me regarde toujours comme une bête de foire.

Peut-être, mais je n'en avais pas envie.

...

Comment trouves-tu mes gens, Aeshma ?

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant