Publius Tidutanus.
Gaïa avait gardé du chef de la garde, l'image d'un homme dur et sévère. D'un garde-chiourme incorruptible. Il n'aurait jamais atteint ce poste de chef de la garde du ludus s'il ne l'avait pas été. Il s'était montré très poli et très respectueux sur l'Artémisia. Pas très heureux par contre, d'être le seul responsable des gladiateurs de son ludus. Il les tenait serrés et quand Aeshma et Atalante avaient contrevenu à ses ordres, il les avait envoyées à fond de cale. Elles étaient blessées toutes les deux, les cales étaient insalubres et infestées de vermines, mais cela n'avait pas changé sa décision. Il avait seulement renoncé au flagellum et à l'exposition des deux jeunes femmes sur le grand mat. Il avait aussi consenti à la demande de Gaïa que les deux gladiatrices chaussent leurs caligaes. Elle n'était pas intervenue pour alléger leur peine ou pour s'y opposer, parce qu'elle n'avait pas souhaité remettre en cause son autorité. Il avait agi comme il le devait. La décision de Tidutanus l'avait contrariée parce que la punition s'appliquaient à Aeshma et à Atalante, mais elle savait très bien qu'elle n'aurait rien trouvé à y redire si deux autres gladiateurs avaient été condamnés. On ne laissait pas des bagarres impunies sur un navire.
Le chef de la garde avait ensuite combattu avec beaucoup d'efficacité contre les pirates. Pour le peu que Gaïa avait pu voir, il s'était montré courageux et il n'avait pas hésité à accorder sa confiance à ses gladiateurs. Il avait combattu à leurs côtés comme aux côtés de ses gardes et des hommes d'équipage de l'Artémisia.
Tidutanus était un ancien légionnaire, il se trouvait au service de Téos depuis des années. D'après les renseignements que Gaïa avait pu obtenir, il servait le ludus bien avant qu'Aeshma ne l'eût intégré. Un homme de confiance. Tout comme l'était le doctor en chef, Herennius. Un ancien gladiateur, qui avait combattu sous l'armatura des mirmillons. Un melior qui avait comptabilisé très peu de défaites sur le sable. Si peu, que tout le monde les avait oubliées. La discipline au sein du ludus dépendait autant de Téos que d'Herennius et de Tidutanus.
Deux hommes de confiance. Deux hommes attachés à la discipline. Deux hommes qui n'hésitaient pas à punir, parfois sévèrement, quand un gladiateur se permettait un écart de conduite, manquait à son devoir ou violait le règlement.
Deux hommes qui l'écoutaient attentivement et cherchaient avec elle la meilleure façon de gérer la mort du maître de l'un et de l'employeur de l'autre.
.
Gaïa était revenue au ludus sous prétexte d'obtenir un délai pour Aeshma. Elle avait demandé à parler à Téos en priant pour que Tidutanus eût donné des consignes si on demandait à parler au laniste. Il en avait donné. Les gardes avaient annoncé à Gaïa que le laniste était absent, mais qu'elle pourrait parler au chef de la garde du ludus de Sidé. On l'avait conduite à travers la caserne. Elle avait remonté sa palla sur sa tête, mais quand elle traversa la cour, des gladiateurs s'entraînaient. Certains la remarquèrent et la suivirent du regard. Elle aperçut Atalante qui surveillait l'entraînement de deux jeunes gladiatrices. Elle surprit un bref regard inquiet, vivement dissimulé. Gaïa décida qu'elle se débrouillerait pour rassurer la grande rétiaire après son entretien avec Publius Tidutanus.
VOUS LISEZ
Le sable rouge
Historical Fiction78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir. Mai...