78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir.
Mai...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Dans l'après-midi, Gaïa s'était rendue sur le pont pour observer les gladiateurs. Elle était sortie sur le seuil de la cabine, enveloppée dans une palla qui dissimulait jusqu'aux traits de son visage.
Elle n'avait aperçu qu'Atalante. Hors de sa vue, Aeshma se trouvait sur la plate-forme arrière et Marcia dormait dans un coin à l'avant, dissimulée aux regards de tous. Astarté lui manquait déjà. Savoir qu'il faudrait supporter son absence pendant un mois et demi, la plongeait dans des abîmes de désespoir. Elle se sentait seule et abandonnée.
Gaïa était ensuite rentrée. Elle avait demandé à Antiochus de trouver la petite thrace et de s'assurer qu'elle allait bien. Atalante portait encore des bandages, mais elle lui avait semblé en bonne santé. Elle lui décrivit la jeune Parthe :
— Elle n'est pas très grande, elle est fine et musclée, elle porte de longs cheveux, noirs comme le jais qu'elle aura certainement attachés avec un lien de cuir. Elle a de jolies oreilles, un nez droit, la mâchoire bien dessinée et légèrement prognathe, les yeux noirs ourlés de longs cils. Elle possède un regard intense, elle est silencieuse et taciturne. Ne la demande pas, essaie seulement de la repérer et de voir si elle va bien.
— J'essaierai, domina, mais je ne suis pas sûr que votre description me suffira.
— Je suis sûre au contraire que tu la trouveras sans peine.
Antiochus trouva Aeshma sans peine. Taciturne et silencieuse ? Deux gladiatrices s'étaient isolées sur le pont, l'une à l'arrière, l'autre à l'avant. La première était brune et petite, mais elle lui tournait le dos. Antiochus avait décidé d'inspecter le pont avant de vérifier l'identité de la femme qui se tenait accoudée sur la plate forme arrière. Il trouva la seconde allongée le long du bastingage tribord avant, le nez enfoncé dans des cordages enroulés. On ne voyait pas son visage, mais elle était blonde comme les blés mûrs qui ondulent à l'entrée de l'été dans les plaines d'Égypte. Elle l'avait entendu venir, s'était tendue à son approche, mais ne s'était pas retournée. Il l'avait laissée, un peu surpris de sa réaction, et était retourné vers la poupe du navire. Il s'était hissé jusqu'à la jeune femme accoudée à la rambarde. Elle avait senti plus qu'entendu son arrivée et lui avait jeté un regard hostile. On distinguait des bandages sous sa tunique courte. Un sur la cuisse, un sur l'épaule. Elle lui parut dure et revêche. La domina avait raison : il n'avait pas éprouvé trop de difficulté à la trouver.
Il retourna annoncer à Gaïa qu'il avait vu la jeune gladiatrice dont elle s'inquiétait et il la rassura sur son état de santé. Elle lui demanda de discrètement garder un œil sur elle. Quand le crépuscule s'éteignit et que Gaïa se décida à aller lui parler, Antiochus lui apprit que la jeune gladiatrice n'avait pas bougé de la journée, qu'elle n'avait pas déjeuné le midi et qu'une de ses camarades l'avait rejointe sur la plate-forme avec de quoi dîner.