Chapitre CXXVII : Retrouver Shamiram au risque de perdre Aeshma

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Il avait fallu huit mois à Julia pour tenir la promesse qu'elle s'était faite au Grand Domaine le soir de la libération de Quintus et de Gaïus. Le résultat n'était pas celui qu'elle avait escompté et elle encourait peut être de cruelles désillusions. Gaïa encourrait peut-être de cruelles désillusions. L'optimisme enjoué d'Astarté n'avait convaincu personne et si Néria avait accepté de les accompagner à Sidé, d'autres avaient refusé.

En commençant par Zmyrina :

— Je ne sais pas ce que décidera Shamiram. Je ne veux pas l'influencer, ce serait malhonnête de ma part. Je ne supporterai pas qu'elle se sacrifie pour moi et je ne supporterai pas qu'elle m'abandonne encore une fois. Je ne peux pas.

Abechoura avait ainsi exprimé ses peurs les plus viscérales. Le départ d'Aeshma pour Sidé avait été un déchirement. Elle n'avait même pas été présente. Elle l'avait perdue une fois, elle avait cru la perdre une deuxième fois et elle était partie une nouvelle fois.

Abechoura l'avait haïe. Ses camarades importaient plus que sa jeune sœur qu'elle avait d'ailleurs remplacé par Atalante et Marcia. La grande gladiatrice veillait autant sur Aeshma que si celle-ci avait été sa petite sœur et Aeshma aimait autant Marcia que si elle avait été sa grande sœur. Elle n'était pas jalouse parce que cette constatation datait de la traversée sur la Stella Maris.

Elle avait aimé retrouver sa sœur ainsi. Attentive, protectrice, confiante, responsable, aimante et aimée. L'attention dont elle bénéficiait auprès d'Atalante, de Marcia et de Gaïa Metella qui s'inquiétait visiblement beaucoup de l'état de santé d'Aeshma, l'avait rassurée. Elle n'avait pas vraiment compris ce qui liait Gaïa et Aeshma, pas réussi à savoir si Aeshma partageait l'affection que lui vouait la domina. Pour Atalante et Marcia, c'était facile, mais pour Gaïa ? Abechoura avait parfois décelé une grande complicité et parfois une retenue à la limite de l'indifférence. Gaïa y était sensible, elle aimait Aeshma.

Abechoura s'était sincèrement réjouie qu'Aeshma se fut bâti une nouvelle famille.

Mais quand Aeshma lui avait annoncé qu'elle partait ? La jalousie, l'amertume, la conscience aiguë qu'elle avait vécu dix ans loin d'elle, qu'elle était une fille perdue, qu'elle s'était roulée dans la fange et dans la boue durant ses dix dernières années, qu'elle ne valait rien, qu'elle n'avait rien à donner à sa sœur, rien à lui offrir, rien dont Aeshma eût pu être fière, l'avaient plongée dans un profond désespoir qui s'exprima dans la haine et la colère.

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À Patara, après qu'elle eût repris conscience, Aeshma avait très peu parlé, elle s'était inquiétée des blessures de sa jeune sœur, de qui les soignait. Elle avait voulu vérifier leur cicatrisation. Ce qu'elle vit sembla lui plaire et plus tard, Zmyrina sut qu'Aeshma avait remercié Chloé pour s'être occupée d'elle. Aeshma avait accepté sa présence auprès d'elle, comme elle acceptait celle de Gaïa, mais elle souffrait de son immobilisation forcée et les deux jeunes femmes restaient le plus souvent silencieuses à ses côtés.

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant