Chapitre XLIX : Les filles de Thétis

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Aeshma regardait le ciel et malgré un reste d'anxiété, elle ne pouvait nier la jouissance qu'elle ressentait, le bien-être que lui procurait sa position. Une sensation nouvelle, agréable, qu'elle n'aurait jamais cru connaître, qu'elle n'aurait jamais cru possible. Elle se crispa insensiblement et la sensation disparut aussitôt, mais des mains bienveillantes se posèrent dans son dos. Une main entre ses omoplates et l'autre au creux de ses reins.

Shhhhhhh, reste calme, détends-toi.

Aeshma obéit et, soutenue par les mains légères de Gaïa, elle retrouva la sensation qui l'avait un instant abandonnée.

Tu es bonne élève, Aeshma, je ne m'étonne pas que tu sois devenue une bonne gladiatrice, tu sais écouter. Tu passes sur le ventre ?

Aeshma hocha la tête et se retourna. Elle attrapa la main de Gaïa.

Je reste près de toi, d'accord ?

D'accord.

Vas-y et n'oublie pas : il faut que tu restes bien allongée et que tu glisses dans l'eau, ne te bats jamais contre elle. Tu perdras toujours.

Aeshma hocha la tête et s'efforça de prendre la position que Gaïa lui avait apprise. Couchée sur le côté, le bras gauche tendu devant elle. Elle ne bougeait pas les pieds et avançait à l'aide de son bras droit. Elle ne se sentait moins à l'aise que sur le dos, mais la présence de Gaïa à ses côtés la rassurait.

.

L'idée d'apprendre à nager venait de la domina.

Aeshma, après la sieste qu'elle s'était accordée après avoir jeté les rames à la mer, s'était réveillée dans sa puanteur. Écœurée et honteuse, elle avait remonté un nombre impressionnant de seaux d'eau de mer pour se laver. D'abord, le corps et ensuite, les cheveux. Elle n'avait rien trouvé qui ressemblât de près ou de loin à un peigne, elle avait juré comme un charretier et avait dû se résoudre à se contenter de ses doigts pour grossièrement démêler son abondante chevelure. Elle portait les cheveux longs, il était très épais et elle se jeta une dizaine de seaux d'eau sur la tête pour les rincer.

Gaïa n'avait émis aucun commentaire. Aeshma s'était couchée les cheveux trempés et elle avait eu froid pendant la nuit. Gaïa lui avait reproché de ne pas s'être enveloppée la tête dans une tunique ou dans une paenula découpée. Aeshma lui avait tourné le dos sans répondre, mais elle n'avait pas protesté quand la domina était venue se coller contre elle et elle avait, grâce à elle, rapidement arrêté de trembler. Gaïa ne se sentait toujours pas très à l'aise à l'idée de partager une si grande intimité physique avec la petite thrace, mais elle redoutait plus encore que la jeune gladiatrice retombât malade.

Le lendemain matin, Aeshma avait une fois de plus décidé de se laver et elle avait recommencé à tirer des seaux.

Le surlendemain aussi. Le temps était calme. Sans rien dire, Gaïa avait arrimé un long bout à la proue du lembos, accroché une amphore de posca vide et bouchée à l'extrémité du bout et jeté le tout à la mer. L'amphore maintenait le bout hors de l'eau et traînait à une quarantaine de pieds à l'arrière du lembos. Elle s'était ensuite déshabillée et elle avait sauté à l'eau.

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant