Chapitre XI : Le Grand Domaine

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Aeshma s'ennuyait.

Atalante était partie courir, la Parthe avait exprimé son désir de se joindre à elle et Atalante s'était bien gardée de protester. Elles avaient lacé leurs chaussures et s'étaient élancées ensemble. Trois cents mètres plus loin, Aeshma avait décroché en jurant. Atalante était revenue sur ses pas et lui avait proposé de l'aider à rentrer. Elle avait essuyé la mauvaise humeur de sa camarade et, refusant de se laisser entraîner dans une querelle stérile, avait repris sa course, la laissant se débrouiller comme elle l'entendait.

Aeshma rentra en boitant. Elle maugréait des imprécations dans sa langue natale en se traînant misérablement. Un pas de course retentit.

Aeshma ! retentit la voix inquiète de Serena. Que t'est-il arrivé ?

— Rien, grogna la thrace contrariée.

— Tu as couru, lui reprocha Serena. Je t'ai vue. Atticus a dit que tu ne devais pas forcer sur ta jambe tant que je ne t'aurais pas retiré les points sutures à la cuisse.

— Qu'est-ce que ça peut te foutre ! jura hargneusement la thrace.

Serena s'immobilisa, choquée. Pourquoi la gladiatrice lui en voulait-elle ? Elle avait pris soin d'elle, elle s'était montrée discrète et s'était cantonnée dans le rôle que la domina et le médecin lui avaient attribué. Aeshma s'était montrée patiente lors de ses soins. Elle avait même consenti à discuter avec la jeune esclave et à partager certaines de ses connaissances médicales avec elle. Elle ne s'était jamais montrée méchante ou agressive. Aeshma tourna son regard vers elle. Elle souffla d'exaspération, mais la jeune fille avait l'air si bouleversée, qu'elle s'efforça de la rassurer.

Je m'ennuie, déclara-t-elle d'une voix sourde. Je...

.


Elle en avait marre de ne rien faire et surtout, de ne pas pouvoir bouger. Atalante courait, s'entraînait, allait elle ne savait où en fin d'après-midi pour revenir les vêtements, la peau et les cheveux empestant le suif. La grande rétiaire n'avait pas voulu lui dire ce qu'elle partait faire tous les jours à la même heure. Aeshma avait fini par l'accuser d'être tombée amoureuse d'un bouc et de partir se faire saillir sauvagement comme une femelle en chaleur tous les jours à la même heure. Elle lui avait même demandé si la vigueur des boucs était aussi extraordinaire qu'on le disait :

— Vu ton air extatique et détendu quand tu reviens de tes expéditions, je devine que c'est vrai, qu'un bouc vaut tous les amants, avait ricané Aeshma.

Atalante n'avait pas du tout apprécié ses plaisanteries grivoises. Elle lui avait bondi dessus, l'avait durement plaquée contre un mur et l'avait traitée de chienne. Aeshma avait crié de douleur en percutant le mur, mais Atalante furieuse n'en avait eu cure et avait encore un peu plus accentué sa prise. La petite thrace avait soutenu son regard furieux et souri insolemment.

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant