Chapitre CVIII : La clef perdue

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La Stella Maris ne souffrait pas d'avaries trop importantes, du moins, d'avaries qui eussent obligé le capitaine à faire relâche dans un port. Les couples n'avaient pas cédé. Les deux voies d'eaux détectées avaient été provoquées par des faiblesses dans les planches qui formaient la coque. Rien d'irréparable.

Britannia se réveilla presque aussi fraîche qu'un gardon, Astarté se remit plus vite encore. Néria s'était cassé un bras. Aeshma vérifia que les os n'avaient pas bougé, qu'aucune hémorragie ne s'était déclarée et elle lui confectionna une attelle. Julia avait récolté une belle bosse sur le sommet du crâne, Gaïa quelques contusions. Un marin s'écroula deux heures après la fin de la tempête. Quand Aeshma s'accroupit à côté de lui, il était mort. Elle diagnostiqua une hémorragie interne. Foie éclaté. La corde qui l'avait sauvé de la noyade, l'avait tué. Elle engagea tout le monde à lui signaler la moindre douleur à l'abdomen, et elle palpa avec attention tous ceux qui vinrent la voir. Le marin et le pilote furent les seules victimes à déplorer.

Après avoir pris soin des blessés, Aeshma se présenta au capitaine, à son second et aux barreurs entièrement nue. Ils s'embarrassèrent tellement qu'elle arbora rapidement un petit sourire en coin qui les laissa encore plus mal à l'aise. Tout le monde s'était déshabillé à la faveur du soleil et les vêtements avaient été étendus à sécher sur le pont. Les gladiateurs s'étaient frictionnés les uns les autres, Saucia et Chloé avait été mises à contribution.

Sa punition achevée, Aeshma fit une dernière fois le tour de ses patients, avant d'aller vérifier si sa tunique était sèche. Elle grimaça. Le vêtement était trempé, mais elle ne pouvait pas descendre voir les dominas sans rien sur elle. Elle soupira et se résolut à renfiler sa tunique mouillée. Saucia s'excusa auprès d'Astarté et courut rejoindre la petite Parthe.

— Aeshma !

— Mmm ?

— Tiens, prends ma tunique, dit-elle en se déshabillant. Elle est sèche, je l'avais rangée avec mes affaires dans un coffre de Gaïa Metella dans sa cabine.

— Saucia...

— C'est une mauvaise idée de te rhabiller avec une tunique mouillée.

Aeshma céda.

— Merci, Saucia.

— Je ne veux pas perdre mon temps à m'occuper de toi parce que tu auras pris froid.

La bonne excuse ! Saucia prenait seulement soin d'elle, comme elle prenait soin de tout le monde. Aeshma le savait très bien.

Correctement vêtue, elle descendit dans la cabine, prit des nouvelles de Néria, vérifia que Julia et Gaïa se portaient bien, mais elle refusa de discuter et opposa aux tentatives des dominas un silence qui déstabilisa Gaïa. Aeshma l'ignora. Elle eut l'impression que la jeune gladiatrice était une parfaite étrangère. Qu'elle ne l'avait jamais vue. Et Aeshma se dégagea vivement quand Gaïa voulut poser une main amicale sur elle. Cinq ou six paroles. Un regard noir, une mine fermée et elle remonta sur le pont. Pour s'isoler. Aeshma devint inatteignable.

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant