CXLIII : Sine pœna nulla lex *

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Atalante se réveilla tard dans l'après-midi. Gaïa insista pour qu'elle passât la nuit à la villa et ne rentrât que le lendemain matin.

Sur la terrasse, les deux gladiatrices avaient beaucoup parlé. Sabina avait beaucoup parlé, Atalante avait surtout écouté.

Peut-être parce que la grande rétiaire connaissait l'auberge des Quatre Sœurs, Sabina s'était confié à elle bien plus qu'elle ne s'était confié à Astarté. Peut-être aussi, parce qu'Atalante était plus sensible et qu'au cours de sa vie au ludus, Sabina avait passé beaucoup moins de temps avec elle qu'avec Astarté. Qu'elles se connaissaient moins bien. La jeune Samnite avait vidé son cœur du fiel et de la rancœur qui l'habitait encore.

Quand elles avaient quitté la terrasse, Sabina avait pris Atalante par la taille et avait commencé à lui débiter des anecdotes qui mettaient en scène les tenanciers des Quatre Sœurs, des clients qu'elle avait croisés, ou des histoires qu'elle avait entendues à Rome à propos de l'amazonachie, du combat de Lysippé et de Penthésilée, et des chasses de la si belle bestiaire aux cheveux d'or. Atalante éclata de rire à un moment, posa une question à un autre, et Sabina égaya la soirée.

La grande rétiaire s'étonna une fois de plus de la capacité qu'avait sa camarade à oblitérer les événements sordides, à tourner toutes choses en histoires passionnantes, haletantes et pleine d'humour. À entraîner son auditoire dans un monde qu'elle transformait et créait par la force de ses mots et de son imagination. À exorciser les peurs. Les siennes comme celles des autres. Parce que, même Abechoura rit de bon cœur au récit de ses aventures à Rome.

Atalante prit plaisir à retrouver la jeune sœur d'Aeshma. Celle-ci et Sabina se montrèrent très attentionnées envers la grande rétiaire. Gaïa s'inquiétait de l'état de santé d'Atalante. Elle avait fait servir un dîner léger qu'elle partagea avec elle, Sabina, Abechoura et Néria. Au cours du repas, Gaïa enjoignit la jeune gladiatrice blessée à ne pas s'attarder trop tard.

— Je ne dors pas très bien, avait dit Atalante.

— À cause de ton épaule ? Tu as mal ? demanda Sabina.

Atalante acquiesça.

— Tu n'as rien pris avec toi ? Abechoura peut te donner de quoi apaiser tes douleurs, lui proposa Gaïa.

— ...

— Elle s'y connaît bien en médecine.

— Ce ne sera pas la peine, merci.

— Mais tu souffres, Atalante, et ta sieste prouve ton épuisement, insista Gaïa.

— Je préfère ne rien prendre.

— Pourquoi ?

— Je... je réagis mal aux drogues.

— ...

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant