Chapitre XLV : Avis de tempête

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La tempête s'était annoncée aussi menaçante et incertaine que l'abordage de l'Artémisia.

Le capitaine avait vu les voiles blanches apparaître sur l'horizon, le ciel se couvrir de nuages qui s'assombrissaient au fur et à mesure que les voiles gonflaient, le vent forcir sournoisement, la houle devenir plus cassante et se couronner d'écume. Mais les voiles inconnues appartenaient peut-être à de petits navires marchands ou à une patrouille romaine, et les nuages se dissiperaient peut-être, soudain chassés par un vent d'altitude, la houle s'aplanirait.

Pauvres espérances !

Les voiles annonçaient bien des pirates et l'abordage s'était révélé violent et sanglant. Tout comme les nuages, la houle resserrée et le vent annonçaient bien une tempête. Le capitaine l'avait attendue, l'avait surveillée avec appréhension et comme les pirates avant elle, la tempête se jeta brutalement sur l'Artémisia.

Une forte rafale de vent suivie d'une vague vicieuse déclenchèrent les hostilités et les dieux mauvais réclamèrent un premier sacrifice. Rien n'aurait pu empêcher l'accident.

La vague souleva le lembos et, soutenu par le vent, le jeta contre la coque de l'Artémisia. Xantha se tenait fermement au filin qu'elle avait lancé et le choc, s'il la surprit, ne la déstabilisa pas. Antiochus s'était retourné pour prendre Enyo et la jeter en travers de ses épaules. Ils partirent percuter la coque, le lutteur amortit l'impact avec une de ses mains, tandis que l'autre se refermait instinctivement sur le filin qu'il avait abandonné un peu plus tôt. À la proue du navire, Atalante passa par-dessus bord. Aeshma tendit désespérément une main vers le capian, elle l'agrippa, mais sa main glissa et elle plongea aussi.

Le lembos rebondit sur la coque et s'éloigna à quinze pieds du navire marchand. Antiochus et Xantha se retrouvèrent suspendus à un seul petit pied des vagues.

Atalante avait réussi à se sortir de la proue du navire en agitant les bras et les jambes. Aeshma avait attrapé une rame, mais une vague souleva le lembos et elle lâcha prise. Elle vit avec terreur le lembos retomber sur elle. Il la rata de dix doigts, elle avala de l'eau, trouva la coque sous ses pieds et poussa violemment sur ses jambes pour s'éloigner du navire. Un réflexe stupide. Son seul salut résidait dans le lembos. Elle allait se noyer.

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Un cri horrifié sortit de la gorge de tous ceux qui se tenaient sur le pont. Des bras se précipitèrent pour tirer les filins auxquels Antiochus et Xantha étaient suspendus. La gladiatrice fut prestement remontée, mais Antiochus pesait presque deux fois son poids et il portait la jeune Enyo sur son dos.

Elles ne savent pas nager ! s'écria Marcia horrifiée.

Elle ne prit pas le temps de réfléchir. Elle passa son arc au marin qui se trouvait à côté d'elle, défit sa ceinture et passa sa tunique par-dessus la tête.

Le sable rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant