Une semaine et on commentait encore le combat entre Vérus et Priscus. L'empereur avait osé. Le combat avait tenu ses promesses. Herennius y avait assisté. La célébrité des deux gladiateurs dépassait toute mesure parmi la plèbe romaine. Une déception. Les deux gladiateurs n'étaient pas meilleurs qu'Ajax ou Germanus. Et si leur combat n'avait rien eu de honteux, Herennius ne lui reconnut pas le mérite de surpasser ceux qu'avaient livrés ses meliores. À ses yeux, il n'égalait pas celui d'Aeshma ou des deux reines des Amazones. Il ne dépréciait pas les performances des autres, mais les filles comme les garçons n'avaient pas, comme les trois gladiatrices, été poussés par le public aux limites du possible.
Vérus et Priscus étaient de force égale. Ils avaient combattu courageusement et offert au public le spectacle qu'il attendait d'eux. Mais ils n'avaient pas bravé les dieux. Ils avaient pu effectuer un tour d'honneur sans l'aide de personne, sans même boiter, à peine en sueur. Ils avaient même conservé assez de souffle pour se permettre de courir à petite foulée.
Leur gloire tenait plus du mensonge que de la réalité. Titus leur avait accordé la victoire. À tous les deux. Pff... Si une paires de gladiateurs avaient mérité une victoire partagée, c'était Lysippé et Penthésilée, pas Priscus et Vérus. Eux, méritaient une très honnête égalité. La gloire des idoles de Rome était surfaite. Il n'était pas le seul à le penser et si la décision du Prince avait ravi l'amphithéâtre, c'était aussi parce qu'on n'avait jamais accordé à quiconque une double victoire. Jamais depuis des siècles. Les duels finissaient toujours par la défaite d'un héros. Qu'il s'appelât Nestor et fut un prince, ou Sergios, un obscur gladiateur, il ne pouvait que sortir vainqueur ou vaincu. Parfois on accordait l'égalité. L'affrontement se terminait par un équilibre. Comment porter le titre de vainqueur s'il n'y avait pas de vaincu ?
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Les gladiatrices n'avaient pas commenté le combat des deux idoles de l'arène. Les jeux s'étaient achevés pour elles avec le combat de Lysippé et de Penthésilée. Elles étaient toujours à l'infirmerie. Penthésilée récupérait lentement, Lysippé plus encore. Aeshma et Celtine ne valaient pas beaucoup mieux. Leurs combats les avaient durement éprouvées.
La vie d'Aeshma n'avait jamais été en danger. Penthésilée avait inquiété Atticus, mais ses soins attentifs l'avaient sauvée et la gladiatrice avait reçu la permission de sortir quelques heures par jour dans la cour. Lysippé était encore très faible.
De son côté, Atalante s'en était bien sortie, mais Atticus avait usé de tous ses talents de couturier pour refermer la plaie longue et profonde qu'avait creusé le glaive de son adversaire. La jeune Syrienne avait reçu l'autorisation de réintégrer sa cellule, mais Atticus avait demandé à Marcia de la surveiller étroitement et la grande rétiaire était tenue de venir chaque soir passer un examen de contrôle.
Herennius avait dispensé tous les blessés des entraînements. Pour les autres gladiateurs, la fin officielle du munus n'avait rien apporté de nouveau. La familia était dans l'incapacité de voyager et les entraînements avaient repris, monotones et exigeants.
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Le sable rouge
Fiksi Sejarah78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir. Mai...