Tiberius Geganius Asper tendit la main. Son chef de la garde y déposa des verges.
— Aeshma, Aeshma, dit le laniste contrarié. Tu n'as pas oublié je pense, que les bagarres sont interdites ?
— ...
Tiberius Geganius Asper crocheta la mâchoire de la jeune gladiatrice à genoux devant lui et lui releva la tête.
— Alors ? demanda-t-il.
— Je n'ai pas oublié, dominus.
— Et tu sais ce qu'il en coûte de contrevenir à cette interdiction ?
— Oui, dominus.
— Tu es une bonne combattante, Aeshma. En général, tu respectes la discipline, et tes doctors verraient d'un mauvais œil de se séparer de toi à la suite d'une punition trop sévère. Mais tu peux te montrer rétive et rebelle : ton dos en parle mieux que quiconque. Peut-être es-tu ce genre de gladiateur à qui il faut régulièrement rappeler qui est le maître.
Il était passé dans son dos et les longues verges caressèrent les cicatrices qui striaient le dos de la jeune gladiatrice.
— Quel crétin, grinça Marcia.
Galini lui donna un coup de coude de mise en garde, le statut d'auctorata ne protégeait pas Marcia des punitions. Ses cheveux courts en témoignaient.
***
Marcia avait le sang chaud et les poings prompts quand quelque chose lui déplaisait. Galini n'était pas en reste, mais peu après la vente de Sabina, c'était Marcia qui avait dérapé.
Tiberius Geganius Asper avait décidé de reconstituer l'équipe des bestiaires. Les femmes qui participaient aux chasses avaient enthousiasmé le public de Rome. Marcia s'y était taillée une gloire aussi lumineuse que sa beauté et il augurait gagner beaucoup d'argent en la louant, elle et ses trois bestiaires, à des munéraires avides de gloire et de chasses spectaculaires. Il avait acheté des bêtes dressées à servir aux entraînements et quelques bestiaires expérimentés. Le plus ancien fut engagé à mener les entraînements spécifiques à leur armatura.
Marcia avait accepté les conseils et les remontrances de Carpophorus, elle respectait Herennius et Typhon. Elle supporta difficilement Sergius. L'homme connaissait sa réputation, Marcia n'était pas vaniteuse, elle savait qu'elle avait encore beaucoup à apprendre, mais elle ne se considérait pas non plus comme une novice. Le pseudo-doctor cassa le groupe très unis des bestiaires et elles ne s'entraînèrent plus que très rarement ensemble. Dacia s'adapta, mais elle développa très vite une inimité envers Sergius car elle trouvait stupide qu'il gâcha leur potentiel. Elle n'apprécia pas non plus qu'il osât dénigrer Carpophorus et qu'il affirmât que sa gloire était surfaite.
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Le sable rouge
Ficción histórica78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir. Mai...