Les semaines passèrent. Un beau matin, von Schneider revint accompagné d'une petite blonde haute comme trois pommes. À la vue de sa chevelure toute en boucles, Marta bondit de joie et, pour la première fois en trois ans, embrassa la fillette avec enthousiasme.
Peu de temps après la lui avoir laissée, son père monta dans sa Jaguar gentiane avant de quitter les lieux.
D'après ce qu'elle en avait tiré de ce dernier, Léga aurait été retrouvée dans la vieille cabane d'une pauvre femme qui habitait dans une petite ville des environs. Veuve et trop âgée pour être encore fertile, l'inconnue aurait rapté la petite avant que son voisin, connaissant la situation de l'ouvrière ne la dénonce aux autorités.
Peu de temps après, revoilà Léga, un peu perturbée certes, mais heureuse d'être dans l'immense manoir, assise autour de la grande table abondamment remplie de fruits, de petits gâteaux en tout genre et même d'un énorme cake au citron.
Souriant à pleines dents, Marta servit un chocolat chaud fumant à Léga, dans lequel celle-ci trempa successivement un premier, puis un deuxième biscuit goût nature nappé de chocolat au lait fondu.
Une fois sa panse bien remplie – la petite s'était gavée telle un ogre – et ses quenottes redevenues propres, la gouvernante enjoignit à la fillette d'aller rejoindre son labrador dans le jardin.
Utcha tournait en rond dans un recoin du jardin depuis la disparition de sa maîtresse.
Lorsque Léga posa ses pieds sur l'herbe coupé ras et bien entretenue du jardin, le canidé vint à elle, sa longue queue fendant l'air.
La petite accueillit jovialement son toutou, lui gratta le sommet du crâne d'une main tandis qu'en retour, la chienne lui léchait affectueusement les doigts de l'autre, restée libre.
Soudain, Utcha se retourna vivement et se jeta en direction d'un gros chêne qui trônait au bord du lac du domaine. Intriguée, la petite suivie l'animal à petits pas.
Elle n'eut pas besoin de marcher jusqu'à l'arbre : bientôt, le labrador à la robe vanille se rua vers elle, un butin dans la gueule. La langue pendante, son corps illuminé par le soleil semblait paré d'une multitude de petits cristaux dorés.
Le canidé ralentit l'allure avant de s'arrêter devant ses pieds. Penchant la tête vers les petites sandales, la chienne y laissa tomber ce qui ressemblait à s'y méprendre à l'os rongé jusqu'à la moelle d'un assez grand animal.
Blanchi par les coups de langue à répétition d'Utcha, le fibula avait stoppé sa course juste devant les orteils lisses et dénués de cicatrice de Léga.
~ FIN ~
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Vantablack
HorrorVoici un recueil d'histoires d'horreur inspirées pour la majorité d'entre elles d'une légende urbaine, d'un fait divers ou bien d'un mythe.