Pérégrination ~ Chapitre 2

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Bien évidemment, la cabine resta là où elle avait été créée.

C'est-à-dire que seul son contenu fut propulsé sur le gigantesque domaine du riche investisseur.

Et en l'occurrence, il ne fallut pas longtemps à Naos pour comprendre dans quels lieux sinistres il avait atterri.

En effet, et ce bien que personne n'ait osé le formuler, la presse s'y étant intéressée de près, ainsi que la plupart des voisins et fouineurs en tous genres, tout ce beau monde savait ce qu'il était advenu du réel meurtrier de Meseret, Lesath et Agathe.

N'attendant pas la justice conventionnelle qu'il considérait bien trop laxiste, le kazakh s'était lui-même chargé de la sentence à appliquer au premier fils de sa femme.

Issue d'une famille éthiopienne, ayant immigrée alors qu'elle était encore bébé, l'adolescente d'alors s'était résolue à abandonner un nourrisson dans son cas plus que non désiré...

La mère des deux petites filles massacrées à la hache venait alors à peine de fêter son quinzième anniversaire.

Dans d'autres circonstances, nul doute qu'elle aurait avorté.

Toutefois, la loi de l'État, tout comme celle de sa famille le lui interdisaient.

Ce fut donc contre son gré que l'enfant alors à peine âgée de quatorze ans porta le douloureux poids jusqu'à la fin de son développement initial.

Heureusement pour elle, si on l'obligea à mener la grossesse jusqu'à son terme, l'ordre ne lui fut pas donné d'élever cet être non souhaité.

À peine la sage-femme le sortit-elle que Pierre-Guillaume ne revit plus jamais les yeux de sa mère.

Sauf cette fameuse nuit.

Des voisins avaient bien averti le kazakh et son épouse qu'un jeune homme noir, totalement étranger à ce quartier blanc et très bourgeois rôdait aux alentours de leur propriété.

Néanmoins, Shavkat n'y avait pas prêté attention, surtout au vu de la sécurité dont disposait le plus large des biens individuels qu'il possédait.

Quant à Meseret, la vue de son fils plus de vingt ans plus tard, sur le pas de sa porte, un soir d'hiver avait eu raison de ses appréhensions.

Cette fameuse nuit, son époux s'était partiellement absenté pour affaires...

Lorsqu'il avait fait son retour, au beau milieu de la nuit, il avait trouvé les corps sans vie de sa femme, de son aînée ainsi que de sa benjamine autour de la table d'un plat encore couvert.

L'assassin avait agi dans leur dos, non loin de l'entrée de la maison pour la mère.

Dans la chambre de la plus petite ensuite, alors occupée à jouer aux Playmobils.

Et in fine, dans celle de Lesath, les oreilles pour le coup trop protégées du bruit environnant, en train d'écouter de la musique sans se préoccuper des décibels.

L'homme empli de haine et de rancune envers sa mère et sa famille, elle parfaitement voulue, avait alors organisé cette petite exposition pour le père.

Son géniteur à lui ne s'était jamais manifesté.

Les éducatrices de la maison d'enfants dans laquelle il avait grandi disaient de lui que sa propre mère avait toujours refusé de partager le nom de celui lui ayant légué la moitié de son ADN.

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