Ses paupières aux longs cils désagréablement collés s'ouvrirent avec difficulté. Dans un premier temps, Soraya ne comprit pas ce qui lui était arrivé.
Puis au bout d'un moment, après de longues minutes, la jeune femme aux yeux maintenant accommodés au faible niveau de luminosité environnant observa qu'elle se trouvait dans une espèce de cellule toute noire.
« Une cave », pensa-t-elle aussitôt. L'esthéticienne frissonna d'horreur. Que lui avait-on fait ? En réfléchissant avec attention, elle ne revit que le visage boursouflé aux canaux lymphatiques bouchés, chargé d'acide hyaluronique de l'injectrice.
Et bien sûr, elle se rappelait avoir bu un café d'une horreur rare.
Assise en tailleur sur un sol carrelé à la surface dure et froide, Soraya tenta de se lever mais fut bientôt tirée en arrière par des chaînes solidement serrées autour de ses poignets.
Elle était bel et bien séquestrée, mais par qui ? La femme mal refaite ? À moins qu'elle ne soit que la complice, l'appât de quelqu'un de bien plus dangereux...
Soraya tremblait de terreur. Qu'allait-on bien pouvoir lui faire ?
Bien entendu, elle ne s'était même pas donnée la peine d'envoyer sa localisation à qui que ce soit. Avec un peu de chance, Nélya et les autres alerteraient la police lorsqu'ils constateraient son absence du lendemain...
D'ailleurs, peut-être était-on déjà demain ? Hébétée, Soraya était tout bonnement incapable d'estimer la durée de son sommeil involontaire.
Soudain, des bruits de pas se firent entendre. Des petits clac clac sonores, en temps normal plutôt agréables à l'oreille, mais qui là n'auguraient rien de bon.
Soraya leva la tête, les bras élevés et tirés en arrière ainsi que les jambes croisées en tailleur devant elle tel Portgas D. Ace lors de son incarcération à Impel Down dans One Piece.
Avec horreur, elle vit apparaître une figure encapuchonnée ouvrir brutalement la porte dans un grincement féroce.
La femme ne prononça pas un mot. Elle marcha lentement jusqu'à la silhouette attachée au mur avant de s'accroupir devant elle.
Soraya eut la vague envie de lui donner un coup de pied, puis elle se ravisa. L'autre se trouvait très clairement en position de force.
Un instant plus tard, une autre femme entra dans la petite pièce aux relents significatifs d'un manque d'aération. Elle sourit légèrement à la captive, d'un air narquois, puis se colla presque à l'autre aux talons aiguilles.
Cette dernière chuchota à l'oreille de la nouvelle arrivante.
- Tout de suite ? demanda cette dernière en jetant un coup d'œil à la femme assise par-terre.
Elle paraissait mi-excitée mi-hésitante.
Les pupilles dilatées de Soraya trahirent sa terreur intérieure. Coline décida de l'emmener de force : claquant des doigts, elle fit apparaître deux armoires à glace qui sortirent la kidnappée de sa cellule.
Soraya hurla qu'on la lâche telle une folle jusqu'à parvenir quelques dizaines de secondes plus tard dans une autre pièce.
Là, elle comprit ce qui allait lui arriver.
De groupe sanguin O, la donneuse universelle avait tapé dans l'œil d'un chirurgien plus que mal intentionné.
Ou plutôt d'une chirurgienne : Coline toujours avec un grand sourire lui planta délicatement une vilaine aiguille afin de l'endormir...